Les soutanes d'Afrique du Nord se sont donné rendez-vous entre le 29 janvier et le 3 février 2011 à Alger. C'est le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs qui l'a annoncé lundi dernier (10 mai) en marge du Forum du quotidien El Moudjahid dont il était l'invité. Alger: «El Mahroussa», la bien gardée, témoigne par cet événement oecuménique qu'elle accueille, qu'elle est toujours restée ouverte sur le monde et qu'elle entend le demeurer. Comme pour démentir les rumeurs véhiculées çà et là quant à sa prétendue hospitalité pourtant légendaire que l'on veut faire passer pour altérée. L'Algérie a été accusée à tort, d'avoir refusé que cette rencontre soit organisée sur son sol. Le ministre algérien des Affaires religieuses va apporter un cinglant démenti. «L'Algérie ne s'est pas opposée à la tenue de cette réunion», a répondu Bouabdallah Ghlamallah aux journalistes. Quant au refus par l'Algérie de délivrer des visas aux séminaristes, le ministre des Affaires religieuses l'a tout simplement qualifié «d'allégations». Des archevêques qui manifestent leur désir de participer à cet événement n'ont donc aucun souci à se faire. «S'ils souhaitent venir assister à la rencontre, ils sont les bienvenus», a tenu à rassurer Bouabdallah Ghlamallah pour faire taire toute polémique à ce sujet. Il faut dire et reconnaître que le phénomène de l'évangélisation en Algérie en particulier, et en Afrique du Nord, en général, notamment au Maroc, n'a eu de cesse d'alimenter le débat qui a oscillé autour des libertés du culte. Les réactions qui se sont faites parfois avec passion ont pointé du doigt des prosélytes étrangers et algériens qui agissent dans la clandestinité. «Il s'agit de tentatives d'évangélisation qui apparaissent de manière discrète. Il existe des actions sibyllines et clandestines qui tentent de dévaloriser l'Islam», avait déclaré Cheikh Bouamrane, président du Haut Conseil islamique, lors d'une intervention sur les ondes de la Chaîne III au mois de février 2008. Et quels sont les motifs qui inciteraient les nouveaux «candidats» à embrasser la religion chrétienne? «Le chômage, l'exclusion, la fuite vers l'étranger et le désir d'obtenir le visa poussent ces gens à embrasser cette religion», avait ajouté le patron du HCI. Un phénomène somme toute marginal que le ministre des Affaires religieuses avait fustigé à l'époque car il avait selon lui, tendance à prospérer dans l'illégalité. «Ces étrangers profitent de la liberté de conscience pour mener le travail de propagande», avait affirmé Ghlamallah en pointant du doigt certains évangélistes. «Je ne pense pas que si les bibles viennent en nombre, cela va changer la foi des gens», a répliqué de son côté le père Huggues Jeanson, représentant de l'Eglise d'Alger. Au beau milieu de cette polémique qui a déchaîné les passions, la presse écrite n'a pas non plus été épargnée. «C'est la presse qui a donné une ampleur démesurée à un phénomène qui n'a jamais cessé d'exister dans notre pays», avait fait remarquer, au mois de décembre 2005, Bouabdallah Ghlamallah qui s'exprimait sur les ondes de la Chaîne II. A travers la rencontre des archevêques d'Afrique du Nord qui se tiendra dans la capitale algérienne, c'est un pan de l'histoire du Maghreb qui a façonné son identité qui va être célébré. Une autre manière de promouvoir le dialogue entre les peuples.