Opposés à des sanctions, le Brésil et la Turquie, membres du Conseil de sécurité, ont entrepris de convaincre Téhéran de faire des propositions concrètes pour sortir de la crise. L'Iran accueille aujourd'hui le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour des entretiens sur le dossier nucléaire iranien présentés par les grandes puissances comme une médiation de «la dernière chance» avant de nouvelles sanctions de l'ONU contre Téhéran. Les chances de succès de cette médiation ont toutefois été jugées faibles par Washington et Moscou, alors que le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui y était associé, semblait hier avoir renoncé à se rendre à Téhéran faute d'engagement iranien sur une proposition de solution. L'enrichissement d'uranium par l'Iran est au centre du conflit avec la communauté internationale, qui redoute que Téhéran, malgré ses démentis, ne cherche à se doter de l'arme nucléaire. Afin de créer «un climat de confiance» les grandes puissances ont proposé à Téhéran de leur livrer 70% de son uranium faiblement enrichi pour le transformer en combustible hautement enrichi, dont l'Iran a besoin pour son réacteur de recherche médicale. Invoquant lui aussi un problème de confiance, l'Iran a rejeté cette proposition, souhaitant un échange simultané de combustible en petites quantités sur le territoire iranien. Face au refus des grandes puissances, l'Iran a lancé en février la production d'uranium enrichi à 20%, accélérant la mobilisation occidentale pour faire adopter de nouvelles sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU. Opposés à des sanctions, le Brésil et la Turquie, membres du Conseil de sécurité, ont entrepris de convaincre Téhéran de faire des propositions concrètes pour sortir de la crise. Tout en s'affirmant prêt à discuter, l'Iran n'a toutefois pas levé le voile sur ses intentions: les dirigeants iraniens ont multiplié les déclarations vagues sur des «propositions» brésilienne et turque, ou rappelé leur position d'échange sur son sol. «Nous avons reçu beaucoup de propositions et nous sommes en train de les examiner», a réaffirmé hier dans la presse le chef de l'organisation de l'énergie atomique iranienne Ali Akbar Salehi. «Il y a une volonté de part et d'autre de régler le problème et les choses évoluent positivement», a-t-il ajouté sans autre précision. Mais le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, cité hier par la presse, n'a donné aucun signe d'inflexion de la position iranienne: «Nous espérons que les parties (engagées dans des discussions avec l'Iran) se plieront aux réalités et choisiront la voie juste», a-t-il déclaré. Le président Lula s'est affirmé vendredi à Moscou «optimiste» sur ses chances d'obtenir un geste de Téhéran, lors d'une rencontre avec son homologue russe Dmitri Medvedev. Mais M.Medvedev a indiqué qu'il ne croyait guère à un compromis lors de cette «dernière chance» offerte à Téhéran, à laquelle il a donné «30% de chances» de réussite. Washington a exprimé le même scepticisme, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, estimant vendredi que le président brésilien avait «une montagne à gravir». «Nous n'aurons aucune réponse sérieuse de la part des Iraniens avant que le Conseil de sécurité n'agisse», a-t-elle ajouté. M.Erdogan, dont Téhéran avait annoncé la venue aujouird'hui pour participer aux discussions avec Lula, a fait savoir de son côté vendredi que cette visite était compromise faute d'engagement iranien sur une proposition de solution. «Il semble qu'un voyage à Téhéran n'est plus possible pour moi, l'Iran n'ayant pas pris de décision sur cette question», a déclaré le Premier ministre turc. Il avait pourtant été ces dernières semaines l'un des principaux avocats de l'Iran auprès des grandes puissances.