Pourquoi doter des établissements d'un matériel qui se chiffre à des dizaines de milliards, quand on sait qu'il ne servira pas? L'hôpital Mohamed-Boudiaf dispose d'un scanner, d'une radio pour les mammographies et autres appareils équipant un centre d'imagerie médicale. En l'absence d'un radiologue spécialiste, les malades se rabattent sur le privé. Selon un responsable de la direction de la Santé, la wilaya s'apprête à acquérir deux autres scanners pour Lakhdaria et Sour El Ghozlane. La question qui mérite d'être posée et qui s'impose, reste celle de savoir pourquoi doter des établissements d'un matériel qui se chiffre à des dizaines de milliards, quand on sait qu'il ne servira pas. La rareté des spécialistes au niveau national ne se justifie pas et ne pourra jamais convaincre le patient. Malgré la décision de la wilaya de mettre en place des décisions attractives, telle l'attribution d'un logement meublé, les médecins évitent Bouira. L'une des raisons essentielles, selon une source, reste la durée du service civil qui serait de quatre années à Bouira, alors qu'il serait de deux ans dans une ville comme Aïn Bessem. Certaines spécialités, comme l'ORL, la traumatologie, etc. ne connaissent pas de manque même si les cas et le nombre de malades restent de loin inférieurs comparés aux départements gynécologie, diabétologie, radiologie...Les privés, et eu égard à la demande de plus en plus importante, imposent des conditions draconiennes. Ainsi, toute radiologie est sujette à un rendez-vous sauf, dans le cas d'une urgence avérée. L'attente dure parfois des semaines. N'ayant pas d'autres solutions, ils sont des dizaines à se rendre quotidiennement dans les deux uniques cabinets que compte le chef-lieu de wilaya. Il y a quelques mois les locaux de l'ex-crèche communale devaient être cédés à un médecin spécialiste pour y ouvrir un centre d'imagerie médicale. A ce jour, la bâtisse reste inoccupée et subit les aléas de la nature. Nier les efforts consentis par l'Etat dans ce secteur s'apparente à cacher la réalité. La direction de la santé et de la population a réalisé plusieurs structures à travers toute la wilaya. Ces établissements sont dotés de moyens matériels mais cela ne résout pas le problème. Les salles de soins dans les communes enclavées reçoivent un médecin généraliste une fois par semaine. Les polycliniques situées en dehors des grandes agglomérations qui seront réceptionnées très prochainement, comme c'est le cas pour Bordj Okhriss, ne disposeront pas de spécialistes à moins que le ministère de tutelle ne daigne se pencher sur la question. En attendant, les citoyens continueront à se déplacer au chef-lieu de wilaya quand ils ne sont pas orientés vers Sidi Aïssa ou les CHU de la région d'Alger. Le privé a apporté un plus au secteur, mais les pouvoirs publics ne doivent pas se croiser les bras devant la mort programmée du secteur public.