Au moment où des spécialistes en radiologie algériens et étrangers insistent sur l'apport essentiel de l'imagerie médicale dans le traitement des pathologies à l'occasion du 4e Congrès maghrébin de radiologie, ouvert mercredi après-midi à la Bibliothèque nationale d'Alger, les structures hospitalières de la capitale souffrent d'un grand déficit en la matière. Tous les scanners des hôpitaux publics d'Alger sont soit en panne, soit en réparation, soit quasiment à l'arrêt. Ce qui pousse très souvent les malades à se rabattre sur le privé pour effectuer leurs examens, (scanner, radio de base, téléthorax, etc). Ces examens sont, faut-il le souligner, hors de prix pour certaines bourses. Une remise à niveau accompagnée d'une enveloppe budgétaire conséquente s'impose aujourd'hui. Le discours officiel fait croire que tous les problèmes de la santé sont réglés, alors qu'il est clair qu'une insuffisance chronique en matière de qualité des soins, à tous les niveaux, se fait ressentir de plus en plus sur les citoyens. Cela fait plus de six mois que les services de radiologie des différents établissements renvoient les malades pour des rendez-vous ultérieurs. « Le scanner est en panne », ne cessent-ils d'entendre. Le service de radiologie de l'hôpital Mustapha est en rénovation, le scanner à Beni Messous est en panne depuis plusieurs mois, à l'hôpital Zemirli, le reprographe (appareil de développement pour le scanner) ne fonctionne pas, etc.Les spécialistes rencontrés lors du Congrès maghrébin de radiologie confirment ces défaillances et soulignent qu'eux aussi rencontrent beaucoup de difficultés pour établir correctement les diagnostics en raison du manque d'appareils neufs et modernes. « Le parc a réellement vieilli. Le nombre de personnes examinées dépasse la cinquantaine par jour. Des échographes tournent également H24. Il est tout à fait normal que ces appareils finissent par s'arrêter », sont-ils unanimes à souligner avant de préciser que la maintenance fait défaut. Pour docteur Abdelkrim Bendib, chef de service de radiologie à l'hôpital Mustapha (Alger), « il est important que les services soient dotés de matériels de base et d'un équipement numérisé pour une meilleure économie et une bonne qualité des résultats ». Il a précisé que son service qui reçoit un nombre important de malades de la capitale et de l”intérieur du pays est en rénovation. « Un nouveau scanner et une IRM seront bientôt installés », a-t-il déclaré. Interrogé, le directeur de l'hôpital, M. Dahar, affirme que le service de radiologie sera incessamment équipé d'un nouvel équipement. « Nous avons dû réformer le vieux scanner qui a fonctionné depuis une dizaine d'années. Il a effectué un nombre de coupes égales à une quinzaine d'années d'activité. Nous avons acquis un scanner et une IRM. Les sites d'installation sont en préparation. Ils seront installés et fonctionnels d'ici une quinzaine de jours. Quant aux autres services comme la cardiologie A et B, la clinique des maladies infantiles, la gastrologie ont été équipés de nouveaux appareils », a-t-il déclaré. Le professeur Fergani, chef de service de radiologie à l'hôpital Zemirli, signale que le scanner fonctionne, mais l'appareil de développement est toujours en panne. « Nous continuons à travailler avec cet appareil, et la tutelle est au courant de ce problème. Le matériel d'imagerie médicale nécessite une maintenance, et c'est ce qui fait défaut chez nous. Elle n'est pas assurée correctement », a-t-il signalé. Pour ce praticien radiologue, les budgets demeurent insuffisants pour assurer un renouvellement des équipements chaque dix ans. Il relève qu'il y a aussi un problème d'indication des examens demandés. « Nous avons effectué avec cette machine, un don d'un industriel algérien, 750 000 coupes au lieu de 30 000. Notre service assure aussi les urgences qui sont en nombre important », a-t-il signalé avant de préciser que Amar Tou, ministre de la Santé, s'est engagé à débloquer un budget pour cet hôpital, dont une partie sera réservée aux équipements. Pour un radiologue privé rencontré lors du congrès, le problème de la maintenance se pose avec acuité en Algérie où le contrat de maintenance n'est pas obligatoire comme ailleurs. Pour le docteur Allas, directeur du centre d'imagerie médicale Jugurtha à Alger, si les appareils sont réellement soumis à une bonne maintenance, on aura moins de pannes et de bons résultats des examens. Interrogé sur le nombre d'examens de scanner effectué dans son centre, le docteur Allas estime que le problème ne se pose pas en ces termes. Il nous arrive de faire entre 20 et 30 examens par jour, et on peut aller jusqu'à 60 coupes. Le centre reçoit 30 000 malades par an pour tous les examens confondus. L'essentiel est d'assurer une maintenance correcte. A notre question de savoir s'il s'agit d'un problème de prescription abusive, le docteur Allas répond par la négative. Pour lui, la radiologie jour un rôle de prévention. « Sur 100 examens, 90% des cas sont pathologiques, c'est- à-dire que le malade présente quelque chose. Alors qu'en France c'est tout à fait le contraire », a-t-il ajouté.