Des inconnus, équipés de vestes bourrées d'explosifs, ont tiré sur les fidèles au fusil d'assaut et lancé des grenades dans les deux lieux de culte en pleine prière du vendredi. Au moins 80 personnes ont été tuées vendredi à Lahore (est du Pakistan) dans les attaques simultanées par des kamikazes lourdement armés de deux mosquées d'une secte très minoritaire de l'Islam, les ahmadis. Des inconnus, équipés de vestes bourrées d'explosifs, ont tiré sur les fidèles au fusil d'assaut et lancé des grenades dans les deux lieux de culte en pleine prière du vendredi. Après deux heures de combats, la police a annoncé avoir pris le contrôle de l'une des deux mosquées, dans le quartier chic de Model Town, et capturé au moins deux assaillants sur trois. Le troisième a fait exploser sa veste-suicide. «L'opération» dans cette mosquée de Model Town «est terminée», avait déclaré en milieu d'après-midi d'hier un officier de police, en direct sur la chaîne de télévision ARY. «Selon les premières informations, les assaillants étaient trois, ils sont entrés par l'arrière de la mosquée et ont ouvert le feu sur les fidèles», a-t-il raconté. L'autre attaque a eu lieu dans le quartier populaire et très fréquenté de Garhi Shahu et les télévisions ont montré, en milieu d'après-midi, des policiers faisant des signes de victoire sur le toit. «Nous avons découvert 40 à 50 cadavres» à Garhi Shahu, a déclaré le chef de l'administration de la municipalité de Lahore. A Model Town, au moins 16 personnes ont péri, a-t-il ajouté. Lahore est la deuxième ville du pays, avec plus de huit millions d'habitants. Le pays connaît depuis bientôt trois ans une vague de près de 400 attentats - suicides pour la plupart - et d'attaques commando, perpétrés pour l'essentiel par les taliban alliés à Al Qaîda, et qui a fait plus de 3300 morts dans tout le pays. Certaines de ces attaques visent des communautés minoritaires de l'Islam au Pakistan, les chiites essentiellement mais aussi les ahmadis, aussi appelés qadianis, notamment à Lahore, le berceau de cette obédience qui prône un islam moderniste et libéral et oeuvre principalement dans le développement et l'aide aux défavorisés. Cette secte a été longtemps persécutée au Pakistan, selon des organisations de défense des droits de l'Homme. Les sunnites et les chiites considèrent les ahmadis comme des hérétiques. Lahore a été, ces derniers mois, l'un des principaux théâtres des attaques et attentats perpétrés par les taliban ou des groupes insurgés qui leur sont liés. Le 12 mars, 57 personnes avaient été tuées et plus de 130 blessées à Lahore dans un double attentat-suicide visant des véhicules de militaires à proximité d'un marché très fréquenté, où les passants se pressaient pour la prière du vendredi. En un peu plus d'un an, une dizaine d'attaques et attentats à Lahore ont tué près de 200 personnes au total. Les violences - dont de nombreux attentats - à caractère religieux, également commises essentiellement par les taliban sunnites ou des groupes affiliés, visent principalement les chiites. Ceux-ci représentent moins de 20% des quelque 170 millions d'habitants du Pakistan. Plusieurs des dernières attaques de Lahore avaient été revendiquées par le Mouvement des taliban du Pakistan (TTP), principal groupe d'insurgés islamistes, qui a fait allégeance à Al Qaîda dès sa création en décembre 2007. Le TTP est le principal responsable de la vague d'attentats et d'attaques commando qui ensanglantent le pays depuis près de trois ans. Ses bastions sont situés dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, considérées comme le principal sanctuaire d'Al Qaîda dans le monde et base arrière des taliban afghans. Washington considère les zones tribales comme la «région la plus dangereuse au monde» et les drones de la CIA et de l'armée américaine y tirent très fréquemment des missiles visant des cadres du mouvement d'Oussama Ben Laden et des taliban. Mais ces bombardements font aussi des victimes parmi les civils, selon Islamabad.