Synthèse de Ghada Hamrouche Lahore, la deuxième ville du Pakistan, était placée en état d'alerte maximale hier, au lendemain d'un double attentat suicide dans un mausolée soufi bondé de pèlerins musulmans. Ces attentats contre le tombeau de Data Dharbar visent le cœur d'un islam modéré et ont démontré la capacité des insurgés à frapper. Les talibans ont toutefois annoncé qu'ils n'avaient aucun lien avec ces carnages. Des milliers de personnes visitaient Data Dharbar, où se trouve le tombeau d'un saint soufi, au moment des attentats. Des centaines de milliers de personnes s'y rendent chaque année. Les attaques n'ont pas encore été revendiquées. Mais cette mégalopole de quelque 10 millions d'habitants est devenue la cible privilégiée, ces derniers mois, des terroristes de tout bord. La dernière vague de quelque 400 attentats et attaques commandos qui ont fait près de 3 450 morts en trois ans dans le pays. Selon les informations divulguées par la police pakistanaise aux agences de presse internationales, un premier kamikaze a déclenché sa veste bourrée d'explosifs dans le sous-sol où de nombreux pèlerins se livraient notamment aux ablutions avant la prière, dans le mausolée, un gigantesque complexe au cœur de la vieille ville historique. Un second a, de son côté, actionné sa bombe dans la cour au moment où la foule paniquée tentait de fuir. «Au total, 42 personnes ont été tuées et 180 blessées», a déclaré Mazhar Ahmad, un haut responsable des services de secours de Lahore. La police a retrouvé les têtes quasi intactes des deux kamikazes. Ces derniers mois, Lahore est devenue la principale cible des attaques terroristes au Pakistan. C'est pourquoi, il a été vite décidé de placer la ville en état d'alerte élevé. Autour des lieux de culte, rapportent les reporters sur place, on pouvait voir des policiers et militaires en nombre plus élevé que d'ordinaire, les kamikazes frappant volontiers au Pakistan au moment de la grande prière du vendredi. Le 28 mai dernier, plus de 80 personnes y avaient péri dans les attaques simultanées, menées par des kamikazes lourdement armés, de deux mosquées d'une secte très minoritaire de l'islam, les ahmadis, durant la grande prière. Et le 12 mars, un double attentat suicide visant des militaires, à Lahore également, avait fait 57 morts. Quatre jours auparavant, dans la même ville, un kamikaze au volant d'une voiture piégée avait pulvérisé un immeuble de la police, tuant 15 policiers et passants. De nombreuses attaques de Lahore ont été revendiquées par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe d'insurgés islamistes, qui a fait allégeance à El Qaïda et dont les fiefs sont les zones tribales du Nord-Ouest, frontalières avec l'Afghanistan. Ces régions sont aussi devenues les bases arrière des talibans afghans. Le TTP est le principal responsable des attentats depuis l'été 2007, date à laquelle il avait décrété le djihad contre le pouvoir centrale à Islamabad.