Le scandale de Sonatrach a éclaboussé l'ex-ministre de l'Energie qui paie ainsi ses maladresses. Ce ne sont pas les catastrophes qui ont manqué lors du long passage de Chakib Kkelil au ministère de l'Energie. Mais les deux dernières sont amplement suffisantes pour pousser Bouteflika à se passer de ses services au sein du gouvernement. C'est le cas des scandales financiers dans lesquels est impliquée Sonatrach et l'échec du GNL 16 organisé depuis peu à Oran. Dans l'affaire de Sonatrach, ce n'est pas seulement l'image de la dixième société pétrolière dans le monde et la première en Afrique, qui est éclaboussée mais celle de l'Algérie entière. Pour se départir de ce mauvais coup, le Président n'avait d'autre choix que se séparer de l'un de ses vieux compagnons. Chakib Khelil était vu par tous comme le ministre le plus proche du Président, mais le chef de l'Etat n'a pas hésité à passer outre cette amitié pour préserver les intérêts du pays. A propos du GNL 16, le ministre aurait très bien pu reporter l'événement pour lui attribuer une consistance plus grande et éviter les pièges des absences induites par le volcan islandais. Les résultats édulcorés du congrès mondial dénotent aussi la mauvaise préparation de la réunion et du faible lobbying exercé par l'Algérie pour faire valoir son point de vue sur l'industrie du gaz. Justifiant le fait que les intérêts de l'Algérie à long terme ne sont plus défendus convenablement. Mais le ministre a tenté d'assurer sa propre défense dans le dossier de Sonatrach en niant être au courant des agissements de son ex-président-directeur général. Après le scandale de BRC depuis des années, c'est la deuxième fois que le ministre est confronté à des scandales. Il s'en est toujours sorti à bon compte. Il n'a jamais été inquiété. Contrairement à ses subordonnés ou presque. Pourtant, il n'y a pas un seul détail qui lui échappe dans la gestion des sociétés activant dans le domaine de l'énergie et non seulement Sonatrach. Comment aurait-il pu ignorer ce qui se passait en matière de passation des marchés, lui qui faisait de la transparence son cheval de bataille? N'a-t-il pas instauré un bulletin des offres justement pour réguler davantage les achats de Sonatrach et des autres entreprises du secteur? N'a-t-il pas édicté des règles pour indiquer les modalités de passation des marchés? Le ministre a toujours insinué qu'il allait lutter contre la corruption, mais il a fallu l'intervention d'autres parties pour tenter d'assainir la situation. Son éviction est d'ailleurs un signal de Bouteflika pour signifier sa détermination à lutter contre ce phénomène. Non sans l'espoir que le successeur de Khelil soit plus vigilant lorsqu'il s'agit de surveiller les agissements des cadres en charge des négociations avec les partenaires de Sonatrach et ce, pour éviter toute malversation. Il est attendu de Youcef Yousfi de redresser la barre et de mener la chasse aux adeptes du gaspillage et des passe-droits. Il est bien placé pour accomplir cette tâche. Il a déjà géré Sonatrach et le département de l'énergie. Avec brio.