Les querelles dans le monde de l'édition minent toujours ce genre de manifestations. Abstraction faite de l'absence des auteurs qui auraient dû être présents au cours de cette manifestation, des éditeurs se sont retirés à la dernière minute, d'autres ont même refusé d'y prendre part. Le Festival culturel international de la littérature et du livre de jeunesse, qui se clôturera le 5 juin prochain dévoile, encore une fois, le grand malaise qui ronge la profession. L'événement est, certes, d'une très grande importance, mais aucun éditeur n'a disconvenu de la situation qui prévaut et ce, au cours de notre virée effectuée à l'esplanade de Riad El Feth, où se déroule actuellement la 3e édition du Feliv. Mais même visant l'objectif de donner goût de la lecture aux jeunes, le festival reste otage de certains problèmes, tantôt liés à une mauvaise organisation, tantôt aux nombreuses divergences qui existent dans le monde de l'édition. «Le point sur lequel tout le monde est d'accord, ce sont les dates qui sont mal choisies. Les enfants sont actuellement en pleine période d'examens. La semaine dernière, c'était l'examen de l'ex-6e. Cette semaine, c'est le BEM. Les gens ne sont pas disponibles. Quand on termine ses examens, il y a toujours un moment où on a envie de faire autre chose au lieu de se plonger dans les livres. Donc, concernant ce premier week-end, l'influence est moindre par rapport à l'année dernière. Par contre, ce qui est bien, c'est le côté animation pour enfants, chaque jour, il y a des ateliers et des spectacles», nous dira Yasmina, responsable des éditions Chihab. Alors que la manifestation s'est tenue, l'an dernier, du 24 au 29 juin, l'édition 2010 de ce Festival coïncide malencontreusement avec la tenue des examens de fin d'année. «Ce n'est pas évident pour les parents de ramener leurs gosses alors qu'ils sont en pleine période d'examens», fait remarquer une jeune mère. Peu de maisons d'édition respectent la thématique du festival. Un petit tour dans les stands suffit pour s'en apercevoir. Première halte, les éditions Baghdadi. A la devanture de son stand, les ouvrages sur le poulet, la viande rouge ou sur quelques aliments sont disponibles à foison. Pourtant, la superficie de ce festival n'est pas aussi importante que celle du Sila. Un certain contrôle et une certaine rigueur n'auraient pas été difficiles à assumer. Le même constat revient quant aux livres piratés. Alors que les éditions Hachette présentent les ouvrages de sa collection Livre de poche à des prix qui varient entre 500 et 700 dinars, le stand des éditions Synopsis propose des livres de la même collection entre 250 et 350 dinars. Interrogé, le vendeur nous indiquera qu'il s'agit de la production d'une maison d'édition à Béjaïa. «Il n'y a pas de règle. Les libraires et les importateurs profitent pour liquider leur marchandise. Les organisateurs ont, bien évidemment, une certaine responsabilité dans ce qui se passe. C'est à eux de venir vérifier ce qui se vend dans les stands», fait observer la représentante des éditions Gallimard en Algérie. «Les stands de certaines éditions ont été fermés à Abou Dhabi lors du Salon du livre parce qu'on y on a trouvé des livres piratés», nous dira un éditeur. «Il n'y a pas de contrôle tout au long de l'année. Dans des librairies à Alger, vous trouverez des ouvrages piratés, et en vitrine. C'est une question d'éthique. Il faut régler le problème à la base. Ce sont les éditeurs et les libraires qui devraient refuser ces ouvrage et puis il y a l'Onda qui devrait faire son travail», ajoute la responsable des éditions Chihab. «Trop cher et fourre-tout», c'est le commentaire qui revient souvent dans la bouche des visiteurs questionnés. Les prix sont excessifs surtout pour les livres d'importation. «Il y a des livres assez intéressants, mais à des prix exorbitants...surtout qu'on pourrait les trouver dans les librairies», nous dira Selma, une jeune secrétaire. «Il n'y a pas vraiment de nouveautés, je pourrais même dire et au risque d'être sévère, que la librairie Victor Hugo est plus riche et moins cher», ironise un autre visiteur. A côté de cet espace où plus d'une centaine d'éditeurs exposent, des espaces ludiques ont été aménagés dans lesquels sont présentées quotidiennement des pièces de théâtre et des activités de divertissement destinées aux enfants. L'intérêt d'un événement se mesure également de par la qualité des invités. En effet, ce genre de rendez-vous est une occasion inédite pour échanger les points de vue sur la littérature et sur des questions qui lui sont liées. C'est également une occasion pour dresser un état des lieux de la vitalité littéraire algérienne. Mais malgré la participation des grands de la littérature algérienne, à l'image de Anouar Benmalek ou encore de Maïssa Bey, d'autres ont été marginalisés.