Mohand Amokrane Zizi vient d'éditer sa première cassette aux éditions Maréchal de Tizi Ouzou. Il a fallu toute une vie pour que Mohand Amokrane Zizi devienne poète. Aujourd'hui, il a soixante-dix-huit ans. Il y a dix-huit ans, quand il a pris sa retraite après une longue carrière à la pharmacie «Aiche» de Tizi Ouzou, la muse le visite. Il compose donc son premier poème à l'âge de soixante ans. Avant cela, nous confie-t-il, il n'avait jamais pensé qu'un jour il deviendrait poète. Pourtant, le jour où il commence à s'adonner à la poésie, il ne s'arrête plus. C'est du moins ce qu'il nous confie lorsque nous lui demandons s'il était possible de devenir poète à soixante ans et en plus, du jour au lendemain. Mohand Amokrane Zizi, originaire de Larba Nath Irathen, vient d'éditer sa première cassette aux Editions Maréchal de Tizi Ouzou. L'album est intitulé: Poèmes universels. Il contient trente-trois poèmes dont la thématique a trait à des sujets qui ne concernent pas uniquement la Kabylie ou l'Algérie mais l'humanité tout entière. Les bouleversements qu'a connus l'humanité ces dernières années, essentiellement à cause de la mondialisation, sont au centre de la poésie de Mohand Amokrane Zizi. «Il y a tellement de sujets à aborder en poésie que l'inspiration ne peut pas manquer à un poète en ces temps qui courent», affirme notre interlocuteur du haut de ses soixante-dix-huit ans. En huit décennies vécues dans l'humilité et l'humanisme, Mohand Amokrane Zizi a su restituer en vers toute son expérience d'homme avant de devenir poète. Chacun de ses poèmes est écrit après avoir établi un constat souvent amer de l'évolution négative de certains aspects de la vie. Zizi parle dans ses textes de la fraternité, de l'humanisme, du pardon, de la femme et de son rôle dans la société et dans la famille; il évoque l'absence de contentement, la course effrénée derrière l'argent, la haine et tant d'autres facettes de la vie. Pour M.Zizi, il y a eu tant de bouleversements dans la vie depuis quelques décennies! «Chaque jour qui passe, mon attention est attirée par quelque chose de particulier et de très important», nous confie-t-il. Notre interlocuteur ajoute que depuis toujours et avant même qu'il ne commence à faire de la poésie, il a toujours été attiré par les phrases qui ont un sens profond. Il dit qu'il admire énormément la poésie et les citations de Cheikh Mohand Oulhocine en qui il voit un sage. Le poète Zizi dit qu'il n'a pas fréquenté l'université. Son école est celle de la vie. «C'est la meilleure école», indique-t-il. Il ajoute: «Je n'ai jamais pensé, ne serait qu'une seule fois dans ma vie, que je deviendrais un jour poète». Mais devant les bouleversements de la vie, Zizi dit ne pas pouvoir rester indifférent. Dans sa poésie, Zizi a choisi d'être bref et précis, d'aller droit au but et ne pas trop pérorer. C'est pourquoi, l'ensemble de ses poèmes sont constitués uniquement de neuf vers. Souvent, il s'agit d'établir un constat de la situation actuelle puis de faire un rappel de ce qu'il en était dans un passé pas vraiment lointain et enfin terminer sur une note d'espoir que les choses puissent changer dans le bon sens. Mohand Amokrane Zizi est un visage familier dans la ville de Tizi Ouzou. Il a travaillé à la pharmacie «Aiche», qui est la plus ancienne de la ville depuis l'année 1958. «Toute ma vie, j'ai été un solitaire. Je partageais mes journées entre mon travail à la pharmacie et ma famille», souligne notre interlocuteur qui précise que l'objectif de ses poèmes, c'est de pouvoir transmettre des messages éducatifs. Pour lui, la chose la plus importante dans la vie, c'est l'éducation. Zizi ajoute que c'est grâce aux expériences qu'il a vécues qu'il a pu composer plus de deux cent poèmes depuis qu'il a été mordu par cette passion en 1992. Devant l'indigence des textes chantés ces derniers temps par les chanteurs de Kabylie, Zizi se dit disponible pour mettre ses poèmes à la disposition des artistes et ce, gracieusement. La seule chose qui compte pour lui, c'est de pouvoir faire parvenir ses messages. Après avoir édité une cassette audio, son voeu est de pouvoir éditer tous ses poèmes dans un livre, de préférence avec des traductions en d'autres langues afin de toucher le maximum de lecteurs.