La chanteuse Yasmina continue sa quête d'exorcisme des maux de la vie avec sa voix triste et ses mots simples et prégnants. Son nouvel album, sorti aux éditions «Thiliwa» est composé de dix chansons. Profondément marquée par la disparition subite du chanteur Rahim qui nous a quittés il y a trois mois, d'une mort subite, Yasmina a repris l'une de ses compositions musicales connues pour en faire un hommage digne de ce nom. La chanson est intitulée «Yemma hnini» (tendre mère). Elle est d'une durée de dix minutes. Yasmina y décrit avec force détails le vide laissé par Rahim tant au sein de la famille artistique que dans sa propre famille. Il s'agit d'une chanson pleine d'émotion que le mélomane écoutera non sans avoir une pieuse pensée à Rahim, un artiste qui avait une belle voix et chantait l'amour sous toutes ses formes. Pour rappel, la chanson la plus célèbre de Rahim, à savoir «Iya adaminigh», il l'avait chantée en duo avec Yasmina. A sa sortie en 1996, cette chanson avait fait un tabac à l'époque dans toutes les localités de la Kabylie. Quatorze années plus tard, la mort a emporté Rahim. Cette disparition a laissé un vide dans le milieu artistique. Comme d'habitude, Yasmina continue à chanter sur l'amour et la confiance trahis. Dans la chanson «D awal kan» (Que des mots), Yasmina vilipende les hommes qui font usage des belles paroles pour gagner la confiance d'une femme et puis après, se montrer sous son vrai visage. La femme se retrouve alors seule avec les remords et la douleur. Ce titre rappelle une célèbre chanson de Dalida, «Paroles et paroles». Ce sont deux chansons qui montrent que quelle que soit la société, souvent les problèmes sentimentaux et autres problèmes de la vie sociale peuvent avoir des ressemblances frappantes. Il faut rappeler que Yasmina ne fait pas que chanter mais elle raconte ses propres douleurs et ses propres peines et autres déceptions. D'ailleurs, l'une de ses nouvelles chansons s'intitule «Déception» ou tayri ughilif. Un amour qui fait souffrir mérite-t-il d'être vécu? s'interroge Yasmina qui est la chanteuse kabyle la plus prolifique puisqu'elle produit un album chaque année. Dans ce texte, Yasmina se demande pourquoi sa chance ne la met que devant des hommes hypocrites qui, au départ, paraissent comme des anges puis, peu à peu, se montrent sous leur visage. Yasmina a consacré aussi une autre chanson à la liberté de la femme. La chanteuse de Tirmitine rappelle dans quelles conditions les femmes de sa génération avaient été élevées et parle des défis qui se présentent à la femme d'aujourd'hui, en citant quelques noms de femmes ayant marqué l'histoire de l'Algérie. La nouveauté de cet album est la chanson «Fekkuli kyudi». Pour la première fois depuis le début de sa carrière, Yasmina a composé et chanté une chanson en langue arabe. Il s'agit d'un texte sur l'exil et la douleur de vivre loin de sa terre natale. Afin de faire la promotion de son nouvel album, Yasmina sera à la grande salle de spectacle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, samedi prochain, à 14 heures, pour animer un gala.