C'est la toute récente trouvaille du Maroc qui accuse Alger de faire le lit du terrorisme international à travers son soutien à la cause sahraouie. Le feuilleton continue, éclipsé par l'événement planétaire sur lequel sont braqués des milliards de paires d'yeux des amoureux du football: le Mondial sud-africain. Cette fois-ci le représentant du Royaume marocain auprès de l'Organisation des Nations unies à Genève a réellemèent mis le paquet. Ecoutons-le: «La vulgate passéiste de l'Algérie au sujet de l'autodétermination a déjà causé la stagnation du processus d'édification du Maghreb, depuis plusieurs années, au grand désespoir des peuples de cette région», a déclaré Omar Hilale, lors de la 14e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU (CDH) dans une dépêche répercutée par l'agence de presse officielle marocaine MAP, le 10 juin 2010. Est-ce une réponse à l'appel lancé par le président de l'Assemblée populaire nationale en faveur de l'édification d'un Maghreb uni lors de la tenue de la 7e réunion du conseil consultatif de l'UMA, tenue le 9 juin au Palais des nations à Alger? «Les profondes mutations de nos sociétés, l'évolution rapide de nos économies, les défis que nous pose une mondialisation subie et à sens unique, nous invitent à un examen critique des réalisations de l'UMA et surtout à envisager pour cette institution des perspectives plus vastes dans des domaines où l'intérêt commun l'emporte sur les intérêts particuliers», avait souligné Abdelaziz Ziari. Le diplomate marocain s'est bien gardé d'en faire référence, mais son intervention depuis le territoire de la Confédération helvétique, sonne comme une réponse à cette rencontre à laquelle a pris part le ministre marocain chargé des Relations avec le Parlement, Driss Lachgar. Et inévitablement, la question récurrente de la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays a été remise sur le tapis (Voir L'Expression du 10/06/2010) qualifiant la position algérienne sur ce dossier, d'opiniâtre. «Cette même obstination est également à l'origine de la fermeture des frontières maroco-algériennes, depuis presque deux décennies, l'Algérie conditionnant leur réouverture à sa lubie pour l'autodétermination», a estimé Omar Hilale. Un argument vieillot et épuisé. Un discours d'enfant de choeur comparé au chapelet d'accusations qui vont être égrenées au fil de l'intervention du diplomate du Royaume marocain. «Mais le plus grave, c'est que cette politique d'obstruction à toute solution politique autre que celle souhaitée par Alger, fait le lit du terrorisme international et favorise la progression rampante d'Al Qaïda dans la région sahélo-saharienne», a-t-il poursuivi dans son délire verbal. Le représentant permanent du Maroc auprès de l'Organisation des Nations unies à Genève a vraisemblablement perdu son sang-froid. Il a cédé à la poussée d'adrénaline qui, dès que le nom de l'Algérie est prononcé, procure un état d'extase que seuls les héroïnomanes peuvent atteindre. Comme sur un nuage, Omar Hilale continue de planer: «La délégation marocaine avait, en mars dernier, alerté le Conseil des droits de l'homme des risques liés à la prolifération des réseaux terroristes le long de la bande sahélo-saharienne causée par le blocage du règlement politique du différend régional sur la question du Sahara.» Le bouquet est atteint lorsqu'il ajoute: «Au centre de cette préoccupation, on trouve le Polisario, mouvement indépendantiste armé qui profite de sa position privilégiée dans une région échappant au contrôle des Etats pour s'enrichir en participant au trafic d'armes». La boucle est bouclée: le Front Polisario est un mouvement terroriste et l'Algérie le soutient! Une insulte aux centaines de martyrs tombés sous les balles assassines ou égorgés par les couteaux aiguisés des hordes barbares qui ont sévi pendant la décennie noire. Une insulte à la lutte du peuple algérien qui a résisté, et continue de résister au terrorisme intégriste. Une dérive verbale qui n'augure pas de relations normalisées avant longtemps. Comble de l'ironie, c'est avec un Front Polisario que le Maroc diabolise, qu'il est obligé de s'asseoir à la même table et de négocier, malgré lui et en se faisant violence, pour un jour, certainement, parapher le document qui permettra au peuple sahraoui de décider librement de son destin.