Les soi-disant «concessions» algériennes ne sont que de pures vues de l'esprit de ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités. Des informations fort farfelues viennent d'être distillées ces derniers jours par quelques sources diplomatiques, via quelques organes de presse sur de prétendues «pressions» algériennes sur les responsables sahraouis afin qu'ils acceptent le nouveau plan de paix de l'ONU pour le règlement de la question du Sahara occidental. Le plus surprenant encore, c'est que ces informations tentent de faire croire que l'Algérie essaie de «pousser» le Front Polisario, notamment son secrétaire général et président de la Republique arabe sahraouie démocratique (RASD), M.Mohamed Abdelaziz, vers des positions favorables au plan de paix de James Baker. Celui-ci, plus connu sous la fameuse formule de «troisième voie» se situe entre le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et l'annexion pure et simple par le Maroc, moyennant une couverture juridique de ce territoire non encore décolonisé. Cependant, pour beaucoup, cette formule n'est rien d'autre qu'une autonomie administrative très restrictive qu'on essaye d'imposer aux responsables et aux populations sahraouies en lutte pour la liberté et l'indépendance, depuis près de trente ans. Le soutien ferme depuis lors, de l'Algérie, à la position de principe consacrant le droit international comme base à toute solution juste et équitable à ce conflit qui oppose d'abord, le Front Polisario au Maroc a dérangé quelque part et continue de déranger les ébauches de solutions concoctées en dehors de la légalité internationale. D'où, ces tentatives d'intoxication de l'opinion publique régionale et internationale pour faire croire qu'Alger est en train de revoir ses positions séculaires et mondialement connues sur ce dossier. Faut-il rappeler qu'autant l'Algérie que la RASD ont déjà rejeté cette troisième voie cristallisée à travers ce qu'on appelle les propositions Baker? En outre, il y a quelques jours, à la faveur de la réunion à Alger de la Task Force un regroupement de comités de soutien européens à la cause de la lutte sahraouie, les deux parties ont réitéré leur refus de tout processus de solution qui sortirait des voies du droit international et des intérêts du peuple sahraoui, c'est à dire d' issues qui ne s'inscriraient pas dans le cadre d'une authentique décolonisation de ce territoire. Alors, quels sont les objectifs ou plus exactement les arrière-pensées de ces rumeurs, au delà du fait qu'elles veulent semer, doutes, zizanie et partant, crise dans les relations entre responsables algériens et sahraouis? En fait, c'est devenu maintenant une tradition bien ancrée chez ces professionnels de la manipulation. A chaque fois qu'approche la fin d'un mandat de la Minurso prorogé tous les deux mois par le conseil de Sécurité de l'ONU depuis des années, ce genre de matraquage apparaît sur le devant de la scène, puis se dissipe tout comme il a commencé. Sauf que cette fois-ci, cette propagande est plus arrogante que par le passé, vu qu'elle semble vouloir prétendre être au courant de ce qui se passe dans les rapports algéro- sahraouis à plus haut niveau. Contacté pour avoir leurs avis sur la question, autant le secrétariat du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelkader Messahel, que celui du porte-parole des Affaires étrangères, M.Abdelaziz Sbaâ, nous ont indiqué que ces derniers et leurs équipes respectives sont profondément impliqués dans la préparation du sommet de Maputo de l'Union Africaine et n'ont donc pas le temps de commenter cette affaire. Fondamentalement, la version actuelle de ce feuilleton pourrait être interprétée comme entrant dans le cadre des manoeuvres intermaghrébines pour forcer la main des uns et des autres à accepter les concessions nécessaires avant la tenue du très attendu sommet de l'UMA. Ce dernier, étant vu par certains analystes des affaires de la région comme un préalable, sinon une condition essentielle à la réussite d'un autre sommet encore plus important, celui devant regrouper avant la fin de cette année à Tunis, les dirigeants de l'UMA à ceux de la Méditerranée occidentale dans le cadre des 5+5. Seulement, même pour cet objectif stratégique pour les pays de la région, les auteurs de ce qui s'apparente à des calomnies contre l'Algérie et contre la RASD, s'y sont très mal pris. C'est le moins que l'on puisse dire.