Le Front Polisario a remis à l'ONU ses propositions de sortie de la crise sahraouie. Le peuple sahraoui devra pouvoir librement choisir sa voie entre l'indépendance, l'autonomie et le rattachement au Maroc. C'est une proposition qui vise à aider le Maroc à sortir de son propre piège. C'est en clair ce qu'a suggéré l'ambassadeur de la RASD à Alger, Yeslem Beysset. Le représentant sahraoui s'est voulu constructif tout au long de sa conférence de presse où il a présenté le dossier sahraoui, qui doit être examiné incessamment par le Conseil de sécurité de l'ONU et les manœuvres diplomatiques qui s'en suivent, fondant l'espoir que l'appel du Polisario sera enfin entendu par les Marocains. D'ailleurs, ne cessera-t-il de déclarer, la nouvelle initiative sahraouie ne doit pas être considérée comme une riposte au plan marocain mais plutôt comme une invitation à la réouverture de négociations entre les deux protagonistes. Le Maroc, à ses yeux, doit se rendre compte que la situation est bloquée et que, pour éviter la reprise des hostilités militaires, il n'y a pas d'autre alternative que la négociation. La condition est que la solution doit être mutuellement acceptable en assurant l'autodétermination du peuple sahraouie. Le Maroc devrait d'autant plus saisir la main tendue sahraouie que la région n'est pas que sous la menace terroriste. La région, dira sans le développer l'ambassadeur, court d'autres dangers et le Maroc doit se rendre à l'évidence : ni Washington ni Madrid et encore moins Paris ne pourront assurer la paix et la stabilité au Maghreb. Pour les Sahraouis, les soutiens dont continue de se prévaloir le régime marocain ont atteint leurs limites dès lors que l'ONU vient de réaffirmer par la voie de son secrétaire général, le Nord-Coréen Ban Ki-moon, son attachement à la légalité internationale. Le Polisario a accueilli avec satisfaction le rapport que le secrétaire général de l'ONU vient de remettre au Conseil de sécurité et qui constitue une fin de non-recevoir aux manœuvres tendant à faire accréditer le plan marocain, qui n'est rien d'autre que la marocanisation du Sahara occidental. Ban Ki-moon a rappelé que la solution juste passait nécessairement par des négociations entre les deux belligérants dans le respect des résolutions et principes de l'ONU sur la décolonisation du Sahara occidental. S'il n'a pas réfuté totalement la proposition marocaine, Ban Ki-moon ne s'est pas empêché de brocarder le Maroc pour ses violations des droits de l'homme dans le Sahara occidental qu'il occupe. En soi, cette condamnation est un témoignage du numéro un de l'ONU sur la répression imposée au peuple sahraoui par le Maroc, et donc, une confirmation de la justesse de la cause du Polisario. Les Sahraouis estiment, pour leur part, que le moment est propice à l'ouverture de négociations avec le Maroc, en référence à la pression exercée par les kamikazes dans le pays et dont l'origine, selon eux, est surtout d'ordre socio-économique. Le Polisario suggère que la guerre menée par le Maroc au Sahara occidental se fait au détriment du développement des populations marocaines et que la misère de ces dernières fait le lit du terrorisme qu'elle nourrit sans cesse. Dans le même ordre d'idée, l'ambassadeur sahraoui a lancé un appel aux Maghrébins, aux Africains et surtout aux Européens et aux Etats-Unis, afin qu'ils encouragent le Maroc à saisir la main tendue par les Sahraouis. D. Bouatta