Au cours de l'attaque menée par un groupe d'hommes armés, un nombre indéterminé de prisonniers, soupçonnés d'appartenir à Al Qaîda, ont été libérés. Treize personnes ont été tuées hier dans une attaque sans précédent contre le siège des renseignements yéménites à Aden (sud), qui a permis aux assaillants de libérer des prisonniers soupçonnés d'appartenance à Al Qaîda. Selon des sources médicales, dix des victimes décédées sont membres des services de sécurité, et les trois autres sont des femmes faisant partie du service de nettoyage du bâtiment. Douze autres personnes ont été blessées, selon ces sources médicales. Au cours de l'attaque menée par un groupe d'hommes armés, un nombre indéterminé de prisonniers, soupçonnés d'appartenir à Al Qaîda, ont été libérés, ont indiqué des responsables locaux sous couvert d'anonymat. Un premier bilan avait fait état de trois morts dans l'attaque contre le siège des services secrets, situé dans le quartier Al-Tawahi, près du port d'Aden, la principale ville du sud du pays. Cette attaque intervient au lendemain d'un communiqué d'Al Qaîda dans la péninsule arabique (Aqpa), basée au Yémen, menaçant le régime de Sanaa de représailles après des opérations de l'armée yéménite à Wadi Obeida, dans la région de Marib (est), où le réseau d'Oussama Ben Laden est implanté. «Par la volonté d'Allah, nous embraserons la terre par le feu sous (les pieds) des tyrans de l'infidélité du régime d'Ali (Abdallah) Saleh (le président yéménite) et de ses soutiens, les agents de l'Amérique», affirmait le communiqué publié sur des forums jihadistes. Cette attaque «a été probablement menée par des membres d'Al Qaîda», a affirmé un responsable local qui a requis l'anonymat. D'après des témoins, l'opération, qui semblait avoir été minutieusement préparée, a duré 35 minutes. Plusieurs hommes armés ont lancé à 07H40 locales (04H40 GMT) une roquette RPG sur l'entrée principale du bâtiment, avant de lancer cinq grenades à l'intérieur du siège des services de renseignements. Ils sont ensuite entrés dans le bâtiment et des accrochages à l'arme automatique se sont déroulés, à l'issue desquels ils ont libéré des détenus, ont indiqué ces témoins. Ils ont précisé que les assaillants avaient «été vus en train de quitter le bâtiment accompagnés de quelques prisonniers en chantant pour célébrer leur victoire». D'autres témoins ont affirmé les avoir vus prendre la fuite à bord d'un bus qui les attendait. La police a bloqué tous les accès au quartier de Tawahi et érigé plusieurs barrages dans la ville. L'armée est déjà déployée en nombre à Aden afin de prévenir l'extension des troubles qui secouent les autres villes sudistes. Le sud est le théâtre d'un mouvement de contestation animé par le Mouvement sudiste, une coalition dont certaines composantes appellent au fédéralisme et d'autres à la sécession du sud, qui était un Etat indépendant avant 1990. La population du sud estime faire l'objet de discriminations et ne pas bénéficier d'un programme de développement économique. Mais les dirigeants sudistes se défendent de tout lien avec Al Qaîda, comme l'en accuse le pouvoir. Le Yémen, considéré comme un sanctuaire pour les groupes extrémistes, a intensifié au cours des derniers mois sa lutte contre Al Qaîda, qui a revendiqué par le passé des attaques contre des missions diplomatiques occidentales, des installations pétrolières et des touristes. C'est à Aden que s'est produite, en décembre 1992, la première attaque connue d'Al Qaîda au Yémen, contre un hôtel utilisé par les soldats américains en route pour la Somalie, qui avait fait deux morts. En octobre 2000, 17 soldats américains avaient été tués dans une attaque suicide d'Al Qaîda contre le destroyer USS Cole dans le port de cette ville.