Le remplacement du commandant de l'Isaf, le général McChrystal, «n'aiderait pas» à résoudre le conflit, a indiqué hier le porte-parole du président afghan, Hamid Karzaï. Le président américain, Barack Obama, n'excluait pas mardi soir de limoger le général McChrystal, après la parution d'un article explosif dans lequel le chef des troupes de l'Otan en Afghanistan critique l'exécutif américain, mais pas avant un entretien entre quatre yeux. M.Obama qui a pris connaissance de l'article du magazine Rolling Stone lundi soir, a estimé mardi que le haut gradé de 55 ans, avait fait preuve «d'un mauvais jugement» en critiquant son administration mais a dit qu'il ne prendrait de décision sur son sort qu'après l'avoir rencontré (hier) à Washington où le général a été convié manu militari dans la journée. Le président a ajouté que sa décision au sujet du général et de l'Afghanistan dans son ensemble, serait «entièrement déterminée par la volonté de garantir une stratégie qui justifie le courage et le sacrifice énorme» des soldats américains dans le pays, laissant entendre que McChrystal pourrait encore garder sa place. La chaîne CBS et le magazine Time, affirment toutefois que le gradé aurait déjà remis sa lettre de démission. Intervenant dans cette querelle américano-américaine le président afghan, Hamid Karzaï a estimé hier que le limogeage de McChrystal «n'aiderait» pas à résoudre le conflit, selon son porte parole qui indique que «Le président estime que nous sommes dans une situation délicate avec nos partenaires, dans notre guerre contre le terrorisme, et que tout vide n'aiderait pas» à résoudre le conflit en cours, a déclaré Waheed Omar lors d'une conférence de presse à Kaboul. Le président Karzaï s'est entretenu mardi par vidéo-conférence avec le président Barack Obama, a précisé le porte-parole. «Le général McChrystal est un partenaire de confiance et l'une des figures les plus importantes de ce partenariat et nous croyons à la poursuite de sa mission en Afghanistan, à la poursuite de sa stratégie», souligne le porte-parole du président afghan. Le courroux présidentiel a été provoqué lundi soir lorsque M.Obama a eu en main le bimensuel Rolling Stone dans lequel le général prend pour cible une bonne partie des responsables de l'administration touchant de près ou de loin la politique américaine en Afghanistan. Le général McChrystal y égratigne le président américain, revenant sur les frictions apparues entre l'armée et la Maison Blanche à l'automne au moment où Barack Obama mûrissait sa décision concernant l'envoi de renforts réclamés par le général. Le général se moque également du vice-président. «Vous allez m'interroger sur Joe Biden?», demande-t-il en riant. «Qui est-ce?» Le général McChrystal a présenté ses excuses après la publication de l'article. Ces critiques publiques constituent une «faute importante», a relevé le secrétaire à la Défense, Robert Gates. L'influent sénateur démocrate John Kerry a appelé à «conserver son sang-froid et son calme». Mais ses collègues républicains John McCain et Lindsey Graham, ainsi que l'indépendant Joe Lieberman ont qualifié les propos de McChrystal de «déplacés». La «faute» est d'autant plus patente que les propos qu'il a tenus devant le journaliste de Rolling Stone n'étaient pas «off», comme l'a indiqué le rédacteur en chef du magazine, Eric Bates, interrogé sur CNN mardi. «Tout ce que nous avons publié était 'on the record'», a déclaré M.Bates. Cette polémique éclate au grand jour au moment où les forces internationales ambitionnent d'inverser le cours de la guerre en Afghanistan, avec la mise en place d'une nouvelle stratégie de contre-insurrection fin 2009.