Le général américain, David Petraeus, désigné par le président Barack Obama pour prendre la tête de la coalition internationale en Afghanistan, sera entendu mardi au Sénat en vue de sa confirmation, sur fond d'inquiétudes sur l'avenir de la stratégie américaine. Auréolé de son succès en Irak, le général Petraeus considéré comme un «héros» pour avoir contribué à éviter la guerre civile dans ce pays, a peu à craindre des questions qui lui seront posées par les élus de la commission de la Défense, démocrates comme républicains. En revanche, les élus, inquiets au sujet des derniers contre-temps rencontrés par les troupes alliées à Kandahar et à Marjah (sud), devraient l'interroger sur les chances de l'armée américaine de renverser la vapeur après neuf années de présence en Afghanistan. La commission a annoncé la tenue de l'audition jeudi, soit moins de 24 heures après que le général Petraeus eut été désigné pour remplacer le général Stanley McChrystal qui a dû démissionner après des propos peu amènes dans le magazine Rolling Stone visant l'exécutif américain. La nomination du général Petraeus a été largement saluée au Congrès. «Nous allons essayer de faire cela aussi vite que possible», a dit le démocrate Carl Levin, qui espère une confirmation devant le Sénat dans son ensemble avant les prochaines vacances parlementaires, prévues pour la semaine du 5 juillet. Le responsable républicain de la commission de la Défense, John McCain, vétéran de la guerre du Vietnam, a dit que la confirmation du général sera «probablement la plus rapide de l'histoire de la commission de la Défense». Le sénateur démocrate John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères, a estimé que la décision du président «de renvoyer sur le champ de bataille le général Petraeus apporte non seulement une continuité philosophique, mais aussi des compétences diplomatiques éprouvées». Mais, certains élus, y compris John McCain, en ont profité cette semaine pour critiquer la stratégie américaine actuelle qui prévoit un retrait des troupes américaines à partir de juillet 2011. Or, cette politique a été approuvée récemment par le général Petraeus devant le Sénat. M.Levin, pour sa part, n'a pas critiqué la stratégie du président, mais a rappelé qu'il estimait que les forces de sécurité afghanes devaient monter en puissance pour que la stratégie américaine ait une chance de succès. Parallèlement, le sénateur McCain et son collègue Lindsey Graham ainsi que l'indépendant Joe Lieberman, ont eu des mots durs pour les diplomates américains en poste à Kaboul, même s'ils n'ont pas réclamé la démission de l'ambassadeur, Karl Eikenberry. «Le côté civil est, de mon point de vue, complètement dysfonctionnel», a déclaré Lindsey Graham qui considère cette situation comme un handicap pour le général Petraeus. Les sénateurs sont allés jusqu'à suggérer de faire appel à Ryan Crocker, un diplomate chevronné et ancien ambassadeur en Irak, qui a travaillé avec succès aux côtés du général Petraeus. Interrogé sur un éventuel changement de l'exécutif américain en Afghanistan, Carl Levin, a répondu: «un changement par jour suffit». Le général Petraeus est actuellement commandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan.