Il n'est surtout pas question que les armes distribuées par l'Etat se retournent contre la population. Lors de sa conférence de presse animée, hier, au siège du directoire de wilaya pour la campagne électorale, le premier secrétaire fédéral du FFS a bien confirmé que «c'est son parti qui a informé les services compétents de l'Etat», à propos des faits graves qui se seraient récemment déroulés dans la commune d'Aït Mahmoud, dans la daïra de Beni Douala. Selon ce responsable du FFS «le chef du groupe de patriotes de cette région aurait utilisé ses hommes comme moyen de pression politique». La réplique n'a pas tardé et les patriotes de Taguemount Azzouz ont été désarmés la semaine dernière. Le chef des patriotes, qui a cependant tenu à démentir l'information relative à son implication dans une «affaire» assez grave, a affirmé: «Lors d'une assemblée générale du village de Taguemount Azzouz, je n'ai jamais pris la parole pour me positionner sur les élections locales. En tant que commis de l'Etat, je ne peux adopter aucune position politique.» Il reste que la violence, qui a fait son apparition en Kabylie en ciblant particulièrement les locaux du FFS et certaines structures du FLN à Béjaïa, est grave à plus d'un titre. Non seulement elle porte préjudice au mouvement citoyen, qui a d'ailleurs condamné ces actes, mais aussi et surtout à la région, jusque-là réputée pour son attachement à la pluralité des idées. La Kabylie, qui traverse, aujourd'hui, une période pour le moins assez grave, n'a pas assez de tous ses enfants pour barrer la route à toute dérive. Que cent écoles rivalisent, que chaque tendance s'essaie à expliquer son point de vue à la population, mais dans le calme et la sérénité et que, surtout, les armes restent dans les fourreaux! Il n'est surtout pas question que les armes distribuées par l'Etat se retournent contre la population. Aucune idéologie, aucune politique, aucune démarche ne méritent l'usage de la violence. Le pays et la région ont trop souffert de la violence des armes! Comment comprendre que ceux qui clament si fort que leur position est partagée par la majorité de la population arrivent à penser au recours à la force, à la violence et aux armes, «arguments» utilisés jusque-là par le terrorisme abject? Que les citoyens soient laissés libres de décider et que les «tuteurs» autoproclamés de cette population sachent qu'une parole confisquée, une urne dédaignée, c'est la démocratie écorchée. La Kabylie a peur, l'irréparable est là qui guette la région!