Le Grand ayatollah avait été hospitalisé vendredi pour une hémorragie interne. La date de ses funérailles n'était pas encore connue hier. Le Grand ayatollah Mohammed Hussein Fadlallah, autrefois considéré comme le mentor controversé du parti islamiste Hezbollah et qui était une personnalité très influente de l'islam chiite, est décédé hier dans un hôpital de Beyrouth, à l'âge de 75 ans. «Le père, le leader, l'autorité, le guide, l'homme est parti», a réagi un proche, l'ayatollah Abdallah Al-Ghureifi (originaire de Bahreïn), lors d'une conférence de presse dans la mosquée Al-Imamayn al-Hassanayn, dans la banlieue sud de Beyrouth. A ses côtés, le fils du défunt, Sayyed Ali Fadlallah, était en larmes. Le Grand ayatollah avait été hospitalisé vendredi pour une hémorragie interne. La date de ses funérailles n'était pas encore connue hier. La chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar, a interrompu ses programmes et diffusé des versets du Coran avec à l'écran un portrait fixe du Grand ayatollah. Le Hezbollah a appelé à trois jours de deuil, affirmant dans un communiqué que «le Liban, la nation musulmane et le monde tout entier» avaient «perdu un grand savant musulman». «Il a soutenu clairement et avec courage la ´´résistance´´ (le Hezbollah, ndlr) contre l'ennemi sioniste», selon ce texte. Les routes menant à l'hôpital Behman et à la mosquée voisine Al-Hassanayn étaient coupées hier à la mi-journée et des centaines de membres des services d'ordre du Hezbollah étaient déployés dans le secteur. Des centaines de partisans, dont de nombreuses femmes vêtues de noir et arborant des portraits du Grand ayatollah, se dirigeaient vers la mosquée où il avait l'habitude de prononcer son sermon les vendredi et où les proches étaient réunis pour recevoir les condoléances. Mohammed Hussein Fadlallah était considéré comme le guide spirituel du Hezbollah durant les premières années de ce mouvement fondé au Liban en 1982 avec le soutien des Gardiens de la Révolution iraniens. A l'instar du leader actuel du Hezbollah, Hassan Nasrallah, il était inscrit par les Etats-Unis sur leur liste des «terroristes internationaux», établie en 1995. Il avait été accusé dans les années 1980 par les médias américains d'être à l'origine des prises d'otages d'Américains au Liban par des groupes radicaux liés à l'Iran. D'autres médias le présentaient également comme un médiateur dans cette crise, mais la nature de son rôle n'a jamais été élucidée. Dès les premières années, les relations s'étaient distendues entre l'ayatollah et le Hezbollah du fait de l'influence grandissante de Téhéran sur le «parti de Dieu». Mais «Sayyed» Fadlallah était resté un partisan de la Révolution islamique en Iran et de la lutte armée contre Israël. Auteur de plusieurs ouvrages théologiques, il était connu pour son pragmatisme, pour être un partisan du dialogue, pour son ouverture sur le développement scientifique et son audace dans l'interprétation des textes de l'Islam (ijtihad, propre au chiisme). «Sayyed Fadlallah représentait l'indépendance et le progrès et était un partisan de la science et du développement tout en respectant les fondamentaux de la religion», a relevé le ministre de la Santé, Mohammed Khalifé. Pour le Premier ministre libanais Saad Hariri, «il était une voix de modération et un défenseur de l'unité des Libanais». Le charismatique religieux à la barbe blanche et au visage serein était connu pour ses avis religieux tolérants, notamment vis-à-vis des femmes. Il était également connu pour ses annonces à l'avance du début du Ramadhan, en se basant sur des calculs astronomiques, contrairement à l'usage qui veut que l'on observe le croissant de lune à l'oeil nu.