Synthèse de Moumene Belghoul Le grand ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah, considéré comme le guide spirituel du Hezbollah, est décédé hier dans un hôpital de Beyrouth, à l'âge de 75 ans. C'était une personnalité chiite très influente au Liban et l'une des plus respectées par les autres communautés. Il avait été hospitalisé vendredi dernier pour une hémorragie interne. A l'annonce de son décès, la chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar, a interrompu ses programmes et diffusé des versets du Coran. Le Hezbollah a appelé à trois jours de deuil. Dans un communiqué, le parti de Nasrallah a dit que «le Liban, la nation musulmane et le monde tout entier ont perdu un grand savant musulman». L'histoire retiendra de lui qu'il «a soutenu clairement et avec courage la résistance contre l'ennemi sioniste». Mohammad Hussein Fadlallah était considéré comme le guide spirituel du Hezbollah durant les premières années de ce mouvement fondé au Liban en 1982. Il s'en était un peu éloigné et différait de ce parti sur certains points importants de doctrine. Il rejetait l'idée introduite par l'ayatollah Khomeiny du «welayat el-faqih» conférant aux religieux, notamment au guide (aujourd'hui l'ayatollah Khamenei) des pouvoirs énormes sur le plan non seulement religieux mais aussi politique. A l'instar du leader actuel du Hezbollah, Hassan Nasrallah, il était inscrit par les Etats-Unis sur leur liste des «terroristes internationaux» établie en 1995. Il avait été accusé dans les années 1980 par les médias américains d'être à l'origine des prises d'otages d'Américains au Liban. D'autres parties le présentaient plutôt comme un médiateur dans cette crise. La nature de son rôle n'a jamais été élucidée. Fadlallah était un fervent partisan de la lutte armée contre l'occupant israélien. Il a rejeté les appels au «djihad» d'Oussama Ben Laden et des talibans, désignant ces derniers comme une secte sortie de l'islam. Il échappa à plusieurs tentatives d'assassinat, dont l'une en 1985 dans la banlieue sud de Beyrouth, organisé par la CIA, dans laquelle 80 civils avaient péri. Son influence dépassait les frontières du Liban. Une élite chiite le vénérait à Nadjaf. Il était surtout connu pour son pragmatisme et pour être un partisan du dialogue. Son ouverture sur le développement scientifique et son audace dans l'interprétation des textes de l'islam étaient particulièrement prononcées. «Sayyed Fadlallah représentait l'indépendance et le progrès et était un partisan de la science et du développement tout en respectant les fondamentaux de la religion», a souligné le ministre libanais de la Santé, Mohammad Khalifé. Pour le Premier ministre libanais, Saad Hariri, l'homme était «une voix de modération et un défenseur de l'unité des Libanais». Le charismatique religieux à la barbe blanche et au visage serein était également connu pour ses avis religieux tolérants, notamment vis-à-vis des femmes.