Les ministres arabes de l'Intérieur vont se réunir prochainement pour définir une stratégie de lutte contre le terrorisme. Tunis abritera une conférence des représentants des pays arabes chargés de la lutte contre le terrorisme. L'événement aura lieu à la fin de cette semaine. Elle traitera les expériences des pays participants. Les facteurs favorisant l'émergence des groupes terroristes, la mobilisation et le recrutement de leurs activistes et les moyens d'y faire face sont inscrits à l'ordre du jour. Les participants se pencheront également sur le rôle des réseaux de soutien et de logistique au terrorisme et les moyens d'y faire face. La conférence sera précédée d'une réunion, les 19 et 20 juillet courant, d'experts arabes en charge de la lutte antiterroriste. La réunion examinera la coopération entre le groupe d'experts et les organes spécialisés en la matière, le traitement des questions liées aux terrorisme par les médias et la relance de l'initiative saoudienne sur la création du centre international de lutte contre le terrorisme. Cette conférence sera sanctionnée par des recommandations qui seront soumises à la prochaine réunion du conseil des ministres arabes de l'Intérieur pour adoption. Toutefois, depuis plusieurs années, les services de renseignements alertent régulièrement sur les activités d'Aqmi, qui compterait plus de 500 hommes armés, se déplaçant dans la zone sahélienne entre la Mauritanie, le Mali et le Niger. Dès lors, débattre de la situation géostratégique dans ces régions à la lumière de la persistance de défis sécuritaires liés, entre autres, au terrorisme, aux trafics de tous genres et à la piraterie est plus qu'une nécessité. Lors de la dernière réunion des ministres à Tunis, il a été demandé que soient déployés des systèmes de radars avancés permettant de détecter les infiltrations dans les eaux territoriales et de surveiller les opérations de trafic d'armes, de drogue et d'êtres humains en mer. Sur la question des trafics de drogues et d'êtres humains, les experts réunis à Tunis ont appelé les autorités arabes à travailler à la mise en place d'un quartier général conjoint pour les opérations et les contrôles de sécurité dans les aéroports, les ports et les frontières terrestres. Cependant force est de constater qu'aucune recommandation n'a été mise en oeuvre depuis. Par ailleurs, le Maroc continue à bouder ce genre d'initiative. Selon un rapport publié en juin dernier par l'Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime, le Maroc a été la principale source de cocaïne confisquée en partance pour l'Europe entre 2005 et 2009, avec une quantité de 3700 kg. Le Maroc a été également le deuxième pays africain, après le Nigeria, pour le nombre de femmes transportées en Europe à des fins d'exploitation sexuelle, ajoute ce rapport de l'Unodc. Sur un autre niveau, les responsables des armées algérienne, malienne, nigérienne et mauritanienne ont procédé au mois d'avril dernier à l'installation d'un quartier général de commandement militaire restreint à Tamanrasset, dans le Sud algérien. Rappelons que l'annonce de cette initiative est intervenue une semaine après la réunion des chefs d'état-major de sept pays de la région sahélo-saharienne: l'Algérie, le Mali, la Libye, la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger, tenue le 13 avril à Alger. La mission de ce commandement militaire restreint, premier du genre, aura notamment pour missions de coordonner le travail en matière de renseignement dans la lutte contre le terrorisme, le trafic d'armes et les kidnappings de ressortissants étrangers. Notons aussi que depuis la réunion, en août 2009 à Tamanrasset, des chefs d'état-major des pays de la région, aucune opération d'envergure n'a été déclenchée contre Aqmi au Sahel. Le groupe terroriste a revendiqué plusieurs attaques dans les pays de la région et de nombreux kidnappings de ressortissants étrangers. Le terrorisme est incontestablement le plus grand danger menaçant plusieurs pays et sociétés arabes. Comment empêcher les groupes terroristes d'Al Qaîda de se ménager des asiles sûrs? Tout le monde met l'accent sur la nécessité d'une mobilisation collective contre la menace terroriste. Cependant la tendance observée ces deux dernières années est la propension à prendre des initiatives locales sortant du giron des puissances occidentales.