L'Espagne a refusé d'interdire le port du voile, Londres a exprimé son franc refus et en Italie, Berlusconi ne voit pas d'inconvénient à ce qu'une femme se voile. La loi française imposant une certaine tenue vestimentaire dans les lieux publics est-elle remise en cause? Le débat sur l'interdiction du voile intégral connu en terre d'Islam sous le nom de «burqa» ou «niqab», semble relancé plus que jamais ces derniers jours dans plusieurs Etats européens, et même au-delà du Vieux Continent. Mardi dernier, les parlementaires espagnols ont refusé d'interdire le port du voile intégral dans les lieux publics. En Espagne, où la communauté musulmane représente 1,2 million de personnes, mais où celles qui portent le voile intégral sont ultra-minoritaires, la chambre des députés a repoussé par 183 voix contre 162, la proposition de loi déposée par l'opposition de droite, menée par le Parti populaire. Les réactions ne se sont donc pas faites attendre, après le fameux vote français du 13 du mois en cours, lorsque l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement, a adopté le projet de loi interdisant le port du voile intégral sur le territoire national. Les députés ont validé le texte par 335 voix contre une. La majorité issue de l'UMP du président Nicolas Sarkozy a voté pour alors que les socialistes, les Verts et les communistes se sont abstenus. En Italie, le chef du gouvernement Silvio Berlusconi ne voit pas d'inconvénient à ce qu'une femme porte la voile. «Si la Vierge Marie se permet de porter le voile, je ne vois pas la raison pour l'interdire à une femme musulmane», a-t-il déclaré à la presse italienne, un message des plus forts à l'adresse de Paris. Pas très loin de la capitale française, Londres s'est franchement opposée, par une voix officielle en la personne du porte- parole du Premier ministre britannique, David Cameron, à une interdiction de la burqa. «Je pense que la position (du Premier ministre) est que cela doit être un choix personnel et que nous ne devrions pas légiférer sur ce sujet», a-t-il déclaré à la presse britannique sur le sujet. Le député du parti conservateur au pouvoir, Philip Hollobone a déposé un projet de loi limitant le port du voile intégral islamique dans les lieux publics. Mais le Royaume-Uni qui compte 2,5 millions de musulmans, ne voit aucunement l'utilité d'imposer une telle loi. Le ministre de l'Immigration Damian Green a d'ailleurs jugé «très peu probable» l'adoption du projet de loi. «Dire aux gens ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas porter quand ils marchent simplement dans la rue est une manière de procéder qui n'est pas vraiment britannique. Nous sommes une société tolérante pratiquant le respect mutuel», a déclaré le ministre. De l'autre côté du Pacifique, c'est par la très officielle voix du porte-parole du département d'Etat américain que les Etats-Unis ont exprimé leur désaccord avec le projet de loi français contre le port du voile intégral. «Nous ne pensons pas qu'il faille légiférer sur ce que les gens ont le droit, ou pas, de porter en fonction de leurs croyances religieuses», a ainsi commenté Philip Crowley. De telles déclarations de hautes personnalités au pouvoir du Royaume-Uni et aux Etats-Unis, et le rejet exprimé par les institutions parlementaires ou gouvernementales espagnoles ou italiennes, se veulent une réponse claire aux intentions de la France qui cherche un consensus et un plébiscite de ses voisins du continent, voire des alliés stratégiques pour sa politique visant l'Islam en tant que religion, tout en se cachant derrière le prétexte fallacieux de l'extrémisme religieux. «Dans un monde occidental qui s'est construit contre la religion, la crainte de l'extrémisme se transforme en un rejet de l'Islam», comme exprimé par le philosophe algérien Mustapha Chérif, dans une précédente édition de L'Expression. La France, qui adopte une position xénophobe en direction de la communauté musulmane de plus en plus présente en Occident, est en passe de bafouer les principes des droits de l'homme et les libertés individuelles pour ne pas dire plus! Aucun fondement juridique, selon le Conseil d'Etat, n'est accordé à cette loi ségrégationniste. «Nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage», est-il stipulé dans l'article n°1 de la loi qui sera soumise au Sénat français à la rentrée sociale prochaine.