La coopération dans la lutte antiterroriste n'est en réalité qu'un prétexte trouvé par la France, pour (de nouveau) avoir la mainmise sur l'Afrique. Quelles sont les intentions réelles de la France au Sahel? Il a fallu que les terroristes exécutent un otage français, Michel Germaneau, pour que Paris sorte des bras de Morphée et souhaite coopérer avec les pays de la bande sahélo-saharienne pour «lutter» contre Al Qaîda au Maghreb islamique. Après le «fiasco» de son raid au Mali samedi dernier, Paris cherche une couverture à la fois pour «camoufler» son échec et aussi remettre pied dans la région. L'Elysée a dépêché le French Doctor Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, en vue de trouver des alliés dans la région. Le diplomate français s'est entretenu avec les dirigeants de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Responsable de la politique extérieure française, M.Kouchner s'est même octroyé le droit de parler au nom du président d'un pays souverain, indiquant: «Le président Amadou Toumani Touré (président du Mali, Ndlr), c'est tout à fait juste, pense que les opérations (militaires) doivent être coordonnées, que ce soit des opérations de plus grande ampleur contre Aqmi, contre le terrorisme», après son tête-à-tête avec le président malien. Chassée d'Afrique par les indépendances, la France a trouvé une autre ouverture, la coopération antiterroriste, pour marquer son retour (militaire) sur le continent noir. Autrement dit, la coopération dans la lutte antiterroriste n'est en réalité qu'un prétexte trouvé par la France pour avoir (de nouveau) la mainmise sur l'Afrique. Cela, notamment, depuis que les Etats-Unis d'Amérique gardent un oeil vigilant sur le développement de la situation dans cette région sensible. L'Hexagone apprécie peu que le Pentagone s'installe dans ce que la France continue à considérer comme son «pré-carré» africain. Paris a manifesté, à maintes reprises, son souhait d'apporter son «soutien» aux pays de la région. Selon les médias français, à l'époque, Paris avait souhaité prendre part à la réunion du commandement militaire (sahélo-saharien) qui s'est tenue au mois de novembre de 2009 à Tamanrasset (Sud algérien). Ainsi, Paris s'est dit favorable à «l'élargissement» des réunions et consultations limitées aux pays limitrophes du Sahel. Même si la question est perçue dans son contexte régional, la France évoque des réunions «plus larges avec la communauté internationale». Selon des sources diplomatiques, la France tient toujours à faire du prochain sommet des chefs d'Etat des pays concernés, prévu à Bamako, une «conférence internationale». La France aurait manifesté son souhait d'y prendre part. selon des sources proches du dossier, la demande de la France est considérée, dans le fond comme dans la forme, inappropriée. Les pays de la bande sahélo-saharienne refusent toute implication étrangère et initiative qui viendraient de pays n'ayant pas de liens géographiques avec cette zone. Ne cherche-t-on pas à internationaliser une question d'ordre régional? N'est-ce pas là un désir d'ingérence de la part de la France? Dans le «Livre blanc» publié par le gouvernement français sur la nouvelle politique étrangère et européenne de la France, l'Afrique subsaharienne figure parmi les priorités de l'Hexagone. «...L'Afrique subsaharienne sera un voisinage à la fois d'opportunité, d'enjeux et de danger...», lit-on en page 16 de ce fascicule. Michel Germaneau n'est pas le premier otage exécuté par ses ravisseurs. L'Aqmi avait déjà tué, il y a 13 mois, un otage britannique, Edwin Dyer. Tout en condamnant l'acte, la Grande-Bretagne n'a pas fait, pour autant, de la mort de son ressortissant une affaire politco-militaire. L'Espagne compte deux otages entre les mains des terroristes. Albert Vilalta et Roque Pascual, des travailleurs humanitaires de l'association catalane Accio Solidaria, avaient été enlevés et ne sont toujours pas libérés. L'Espagne n'a pas pour autant tenté de s'imposer dans la région. Question: que cache donc ce volontarisme débridé de Paris?