L'exécution tragique de l'otage français, Michel Germaneau, semble rester en travers de la gorge des responsables de l'Hexagone dont la responsabilité est engagée. Maintenant que le forfait est hélas accompli, des voix s'élèvent pour accréditer l'idée selon laquelle le fameux raid fatal — franco- mauritanien — n'y était pour rien. Deux jours après l'annonce par Aqmi de l'exécution de Michel Germaneau, le Premier ministre François Fillon a prononcé les premiers arguments plutôt fuyants sur cette malheureuse issue. « Je pense que la vie de l'otage était condamnée depuis le jour où nous avons reçu cet ultimatum du 12 juillet » dans lequel Aqmi menaçait de tuer l'otage d'ici 15 jours si la France ne répondait pas favorablement à ses demandes d'une libération de plusieurs de ses membres détenus dans des pays de la région, a-t-il déclaré à la radio. C'est à peu près ce qu'a déclaré le président Sarkozy en annonçant dimanche la mort de Michel Germaneau. La parade étant d'appuyer à fond sur la thèse selon laquelle l'ex- otage, souffrant de problèmes cardiaques, a dû succomber faute de médicaments. L'opération ratée des armées française et mauritanienne n'aurait eu donc aucune incidence directe sur la survie de l'otage. « C'est en raison du caractère (...) étrange de cet ultimatum et de ce refus d'engager la discussion avec les autorités françaises que nous pouvons penser que Michel Germaneau était déjà mort à ce moment-là », a expliqué M. Fillon. Il ne faut donc pas chercher ailleurs, suggère doctement François Fillon. Ses preuves ? « Aucune preuve de vie n'était parvenue depuis la mi-mai ». Mais à supposer que Michel Germaneau était effectivement mort depuis deux semaines, pourquoi alors la France a tout de même jugée utile de lancer ce fameux raid avec l'armée mauritanienne contre une base d'Aqmi au Mali ? François Fillon est contraint de battre en retraite : « La France avait alors l'espoir que Michel Germaneau pouvait se trouver dans ce camp »… Non-assistance à Germaneau en danger Le quotidien Libération, lui, met les pieds dans le plat en soulignant que cette opération a servi « de prétexte à l'assassinat d'un homme que ses geôliers avaient déjà condamné à mort ». Aqmi a dit avoir « exécuté » l'otage pour « venger (...) six frères tués dans la lâche opération de la France ». Mais à défaut de reconnaître l'erreur tactique et le manque de doigté dans la gestion de cette affaire, François Fillon a juste promis que le combat allait « se renforcer » La France ne dispose pas de « présence militaire constituée » au Sahel en dehors de conseillers et d'instructeurs, mais de missions militaires de coopération. « La France ne pratique pas la vengeance, en revanche nous avons des accords avec les gouvernements de la région et en particulier avec le gouvernement mauritanien, avec le gouvernement malien », a dit M. Fillon. Dès lundi, Nicolas Sarkozy a dépêché en Mauritanie et au Mali son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Le Mali « pense que les opérations (militaires) doivent être coordonnées, que ce soient des opérations de plus grande ampleur contre Aqmi », a déclaré hier M. Kouchner à Bamako. « Pour ça, il y a un « état-major (mixte composé de Maliens, d'Algériens, de Nigériens, de Mauritaniens) à Tamanrasset (sud de l'Algérie) », a rappelé le ministre, attendu également au Niger. Les Etats-Unis « sont prêts à fournir toute l'aide et l'assistance voulues aux pays du Sahel pour combattre le terrorisme », a aussi déclaré le coordonnateur du Bureau antiterroriste au Département d'Etat Daniel Benjamin. Un bel aveu d'échec de l'opération « cavalier seul » du Mali au terme de laquelle Michel Germaneau a été tué.