Les étals d'herbes aromatiques et de plantes potagères embaument ces espaces. L'ambiance au marché d'Hussein Dey, hier au premier jour du Ramadhan, ressemble à s'y méprendre à un week-end ordinaire du reste de l'année. Point de bousculades ni de rush si ce n'est autour des étals d'herbes aromatiques pour la fameuse «chorba» ou pour parfumer le thé de la veillée. Une certaine affluence se distinguait cependant devant les étals des vendeurs d'olives, d'anchois, d'échalotes, de cornichons conditionnés ou d'autres gourmandises dont on se sert pour agrémenter une salade ou un hors-d'oeuvre. L'irrésistible envie du jeûneur aidant, le chaland se crée ainsi des besoins insoupçonnables. Il s'adonne à moult petits achats, non pas inutiles, loin de là, mais dont on peut, pour le moins, se passer, car superflus quelque part à côté des besoins réels d'une table familiale qu'on a du mal à bien garnir de victuailles de première nécessité. Les carreaux des poissonniers sont vides et les éventuels amateurs absents. Pourtant le kilogramme de rouget barbet ne coûte que la «bagatelle» de 1000 DA et la crevette royale, 1500 DA. Comparés aux prix d'un kilo de viande de buffle congelée en provenance d'Inde à quelque 600 DA/kg, le choix aurait été vite fait si n'était les habitudes alimentaires du citoyen algérien pendant le Ramadhan. Il n'y a pas bousculade, en effet, en ce premier jour comparé au Ramadhan dernier dont le début coïncidait avec la deuxième journée de repos hebdomadaire, soit le samedi 22 août 2009. Ce jour-là, oui ce fut la cohue, la vraie. Une mêlée indescriptible avait alors envahi tous les marchés de la capitale. C'était la ruée! Chalands, hommes et femmes, auxquels L'Expression a posé la question hier, ont simplement constaté «une fréquence plus prononcée que les autres jours de la semaine, mais qui ressemblait fort bien, selon eux, à une journée de week-end ordinaire tout de même.» Une dame s'est contentée d'expliquer que «les prix font peur et c'est pour cela que les gens ne se bousculent pas». Abondant dans son sens, mais sans être pourtant de son avis, un sexagénaire a estimé, de son côté, que «les prix sont de saison. Ils sont poussés vers la baisse à cause des chaleurs.» Tripotant une salade de la main, il dira que «celle-ci devra être vendue d'ici la fin de la journée, sinon elle est foutue.» En bon connaisseur des circuits maraîchers, il nous apprend que «les chambres froides sont pleines à craquer de viandes, volailles et de fruits qui continuent leur maturation. Il n'y a guère de place pour les légumes. Ceux-ci doivent être vendus au plus tôt à cause de cette chaleur avant leur pourrissement, c'est ce qui explique cette relative baisse des prix», lance-t-il d'un air entendu. Les arômes de jadis manquent quand même à cette société «new look» qui ne pense qu'a son tube digestif et sa bourse récalcitrante qui ne suit pas. Hormis, disions-nous, les étals d'herbes aromatiques et les épices indispensables, rien ne vient nous surprendre pour nous rappeler que c'est déjà le Ramadhan. Les jeunes vendeurs et vendeuses de «dioul» et «k'taïf» ne font pas encore partie du décor en ces premières heures de la matinée. Plus tard dans la journée sûrement...