En dépit de la disponibilité des produits, l'inflation des prix n'a pas été freinée. Aucune bousculade, ni ruée, encore moins de foule dans les marchés de fruits et légumes de la capitale... Les pouvoirs publics ont certes résolu le problème de la disponibilité des produits sans avoir pour autant su freiner une inflation galopante des prix pour nombre de denrées essentielles en ce mois de jeûne. Les chalands, d'habitude nombreux, animés et grouillant à pareille époque, font aujourd'hui leur marché comme une «promenade.» Ils sillonnent aisément les allées des marchés dont les étals regorgent de fruits et légumes de saison. Il y en a pour tout le monde, pour le riche comme pour le pauvre. La chaleur et la crainte de pourrissement des produits expliquent l'abondance de l'offre. Dans certains marchés de gros notamment, il a été constaté de visu, que de grandes quantités de fruits et légumes atterrissent à la décharge publique. L'augmentation des «fouilleurs de poubelles» à la recherche d'une pitance le confirment. Les prix affichés n'atteignent pas les niveaux des «folles» premières journées des Ramadhan précédents qui avaient, rappelons-le, fait capituler les citoyens dans tout le pays devant cette sorte de «diktat» des commerçants. Une jeune dame questionnée par L'Expression au marché de Hussein Dey, s'est dite ravie du mouvement serein des clients en ces lieux. Elle ne manquera pas toutefois de citer le marché populaire de Bachdjarah où elle a fait quelques emplettes la veille avec une parente. Elle a décrit avec effroi ce lieu fréquenté par une foule impressionnante qui y effectue ses provisions. Ce «marché du pauvre» est en effet connu pour la différence des prix et leur tendance à la baisse qui y sont pratiquées faisant du rapport qualité/prix, une aubaine. Il faut dire que les prix qui y sont pratiqués sont très abordables pour le consommateur lambda. Ce qui est certain de nos jours, ce sont les hasards de la vie quotidienne, entendre par là, les problèmes de santé et la cherté du coût de la vie sous tous ses aspects. Entre autres, citons le transport, le prix de revient de la rentrée scolaire prochaine, qui mettra à genoux nombre de ménages, les charges domestiques de l'eau, de l'électricité et de gaz, le loyer et moult autres charges viendront, sans crier gare, s'y greffer comme une sangsue pour sucer et racler les fonds des porte-monnaie, des portefeuilles et des comptes postaux et bancaires. Tous ces aléas multiples et récurrents, sans oublier les misérables salaires et pensions perçus, ont développé chez le citoyen ordinaire des réflexes de sagesse dans la gestion du budget familial. Celui-ci ne se veut plus avide. Il cogite et calcule désormais pour additionner par-ci, par-là, quelques économies. L'autre facteur négatif pour les budgets familiaux, qui mérite d'être signalé, est celui des préparatifs de fêtes personnelles et les cadeaux à offrir à l'occasion d'autres cérémonies familiales. Ce constat quelque part réconfortant, pourrait expliquer l'absence de rush dans les marchés en ce mois de Ramadhan 2010.