Le président afghan Hamid Karzaï a signé, hier, le décret fixant à quatre mois la date limite avant la dissolution totale des sociétés privées de sécurité. «J'approuve la dissolution totale des compagnies privées de sécurité, afghanes et internationales, d'ici à quatre mois», écrit le président Karzaï dans son décret. La présidence afghane avait annoncé lundi son intention de dissoudre d'ici au 1er janvier 2011 les sociétés privées de sécurité, éléments cruciaux du dispositif de l'Otan. Quelque 40.000 personnes travaillent en Afghanistan dans ce secteur florissant. Compa-gnies internationales, sociétés afghanes: elles travaillent avec les forces internationales, le Pentagone, la représentation de l'ONU, les entreprises chargées de gérer les milliards de dollars d'aide internationale, les ONG et les médias occidentaux. Le décret présidentiel stipule que le personnel afghan de ces sociétés peut rejoindre les unités de la police avec ou sans leurs armes. Et les étrangers - souvent d'anciens militaires assurant l'encadrement et la formation dans ces compagnies privées de sécurité - pourront quitter le pays après avoir vendu leurs armes ou les emporter avec eux. «Leurs visas seront annulés». La présidence avait clairement indiqué qu'il ne s'agissait pas de revoir les conditions d'enregistrement ou de fonctionnement des «contractors», ces sociétés de sécurité, mais bien de les voir quitter le pays. Le problème est «la manière avec laquelle elles fonctionnent en Afghanistan, la façon dont elles se sont développées comme forces alternatives au gouvernement, tous les problèmes qu'elles ont créés», avait déclaré Waheed Omer, le porte-parole du président Karzaï. Le président Karzaï reprochait à ces sociétés d'embaucher des Afghans qui pourraient plutôt servir dans les rangs de l'armée et de la police afghane. Mais sa décision paraît prématurée alors que l'armée et la police afghanes ne seront pas prêtes à assurer la sécurité dans le pays avant 2014. A l'instar du conflit en Irak, où elles étaient apparues en force, ces sociétés sont devenues incontournables en Afghanistan, protégeant les convois de ravitaillement de l'Otan ou le personnel expatrié qui travaille sur les programmes d'aide internationale, mais assurant également l'entraînement des forces afghanes de sécurité. Le porte-parole des forces internationales, le général Josef Blotz, avait dit lundi qu'il serait favorable à la dissolution de ces sociétés, mais seulement si les conditions étaient réunies dans le pays pour un contrôle de la sécurité par la police et l'armée afghanes. Le Pentagone, un des plus importants clients de ces sociétés, s'est implicitement prononcé lundi pour un retrait plus échelonné. Sans commenter directement le délai fixé par M.Karzaï, un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a déclaré que la dissolution des compagnies privées devrait avoir lieu «de manière réfléchie et en reconnaissant l'importance du défi que cela pose».