Le regain de tension en Afghanistan à la veille de l'élection présidentielle et des élections provinciales du jeudi 20 août était prévisible. Depuis des mois déjà, les talibans sont passés à l'offensive et les scrutins sont pour eux l'occasion d'une démonstration de force. Ils perturbent une consultation censée prouver que le pays est sur la voie de la démocratie et terrorisent une population qui a de moins en moins confiance dans les soldats internationaux supposés les protéger. Dans un discours visant à convaincre l'opinion américaine du bien-fondé de sa stratégie militaire en Afghanistan, le président Barack Obama a expliqué que le conflit afghan était une "guerre qui mérite d'être menée". "L'insurrection en Afghanistan ne s'est pas déclarée en une nuit et nous ne parviendrons pas à la vaincre en une nuit", a déclaré Obama devant des membres de la principale organisation américaine d'anciens combattants. "Cela ne sera ni rapide, ni facile", a ajouté Obama qui tente de préparer ses compatriotes à l'idée d'un conflit entamé en 2001 et qui risque de durer. A trois jours d'une élection présidentielle cruciale dans ce pays, où le président américain a porté les effectifs des troupes américaines à 62.000 hommes et alors que leurs pertes sont en constante augmentation, l'opinion doute et l'impatience monte, selon les sondages. Hier, l'OTAN a annoncé la suspension de ses opérations militaires pour les élections afghanes de jeudi menacées par les talibans qui ont juré de les perturber. L'Alliance atlantique a précisé que seules les opérations jugées nécessaires à la protection de la population ce jour-là seront maintenues. L'insurrection talibane a appelé au boycott du scrutin et prévenu dimanche qu'elle attaquerait les bureaux de votes où elle verrait "des Américains et autres étrangers". "En soutien aux Forces nationales afghanes de sécurité (ANSF) qui dirigent les efforts de sécurité au cours du processus électoral, seules les opérations jugées nécessaires à la protection de la population seront maintenues pour cette journée", souligne le communiqué de l'OTAN. Cette décision survient après un ordre similaire donné par le président sortant Hamid Karzaï qui a appelé à une trêve à l'occasion de ce scrutin. A deux jours des élections, des milliers de Marines poursuivent la plus grande offensive depuis l'invasion internationale de 2001 pour tenter d'instaurer la sécurité dans la province d'Helmand, bastion taliban du Sud. Cette annonce de l'OTAN survient également après que deux obus de mortier sont tombés à proximité du palais présidentiel à deux jours des élections générales. Une porte-parole de l'armée américaine, le capitaine Elizabeth Mathias, n'a donné aucune précision sur d'éventuels dégâts ou victimes. Le bruit de l'impact a retenti dans toute la capitale afghane où la sécurité a été renforcée en prévision des scrutins présidentiel et provincial. Les autorités ont quadrillé Kaboul à grand renfort de barrages et points de contrôle sévèrement gardés pour tenter de prévenir toute attaque insurgée d'envergure. Samedi, un attentat-suicide à la voiture piégée a fait sept morts et 91 blessés devant le siège de la force de l'OTAN (ISAF) à Kaboul, prouvant la capacité de terreur des talibans à l'approche des élections. Jeudi, les quelque 17 millions d'électeurs inscrits, dont environ 40% de femmes sur une population d'environ 33 millions d'habitants devront choisir leur président entre 41 candidats, dont deux femmes. Les électeurs afghans devront par ailleurs renouveler les 34 conseils provinciaux, soit un total de 420 sièges, pour lesquels 3.197 candidats se sont inscrits, dont 328 femmes. Cent vingt-quatre sièges sont réservés aux femmes. Notons que 3 candidats à la présidentielle afghane se sont retirés lundi de la course en faveur du président sortant Hamid Karzai et ont appelé leurs partisans à voter pour Karzai. Les trois candidants sont Mohammad Hakim Torson, Yasin Safi et Nasir Annis.