On le répètera ad vitam aeternam, c'est un mois d'épreuve et d'exaltation de la vraie foi. Mais au fond, chaque âme n'est redevable qu'à Celui auquel elle se voue. Tout d'abord, Ramadhân karîm à tous. Le Ramadhân 2010 (1431H), comme chaque année, invite à la réflexion, exerce l'être à réviser l'état de sa conscience, - peut-être l'incite-t-il à mieux comprendre sa foi, d'où sans doute toutes ces langues qui se délient et ainsi, plus qu'à nul autre moment de son existence, l'âme humaine tient une longue conversation sur l'Islâm en général, en se donnant des libertés extérieures. Tout s'y mêle, tout est abordé, tout est traité, mais combien de prescriptions religieuses sont appliquées dans la vie de tous les jours? Voici alors dans la société, une foison, souvent furieuse, de questions et de réponses. Parfois des questions restent sans réponse, ou bien il y entre de l'à-peu-près, du subjectif, de la grandiloquence. Chacun devient maître sévère en la matière, donneur de leçons, rapporteur convaincu de ce qu'il aurait appris ou aurait entendu. Sa conviction se nourrit de l'approximatif: un cumulus d'informations glanées pieusement auprès de tel ou tel religieux. Il y a aussi les méfiants, les intelligents, les cultivés, auxquels rien n'échappe. Ils ont ´´tout lu´´; ils ont ´´tout vu´´; ils ont ´´tout appris´´. Dans la pratique, on passe presque sur toutes les recommandations essentielles de la vie courante: le respect de l'autre, la tempérance, la solidarité, la justice, la fraternité,...et l'économie! Mais dans la pratique, c'est, en conséquence, autre chose. Dans la rue, aux marchés, dans la vie économique, dans le travail, dans les relations,...Dieu! Que de différences entre l'être, l'agir et le paraître! On s'en plaint, mais ´´les sauveurs´´ sont de plusieurs mosquées, et le rôle de l'Imâm a besoin de bien de culture, de pédagogie et d'ouverture d'esprit. La spiritualité se forge à l'once variable de l'opinion personnelle, au seul degré de résignation, el-islâm, consenti: et la foi, la foi invincible, va donc bruire en silence puis se reposer sur elle-même. Au fond, chaque âme n'est redevable qu'à Celui auquel elle se voue. Le Jeûne (en arabe eç-Ciyâm ou eç-Çaoum) constitue le quatrième pilier des cinq bases fondamentales sur lesquelles l'Islâm est édifié. La quintessence de l'idée de Jeûne est annoncée dans le Coran, Sourate II, El-Baqara, versets 183, 184, 185, 186, 187. Le verset le plus souvent rappelé au sujet du mois de Ramadhân est celui-ci: «Le mois de Ramadhân dans lequel on a fait descendre la Révélation comme Direction pour les Hommes et Preuves (sic) de la Direction et de la Salvation. Quiconque verra de ses yeux la nouvelle lune, qu'il jeûne ce mois! Celui qui, parmi vous, sera malade ou en voyage [jeûnera] un nombre [égal] d'autres jours: Allah veut pour vous de l'aise et ne veut point de gêne. Achevez cette période [de jeûne]! Magnifiez Allah par [gratitude] qu'Il vous a dirigés! Peut-être serez-vous reconnaissants. (Trad. Régis Blachère)» L'objet du Jeûne est également dans plusieurs ahâdîth (propos) du Prophète Mohammed (QSSSL), en voici un, très général et très sociétal: «Le Jeûne est un abri. Que le Jeûneur ne commette pas d'actes honteux et ne soit pas grossier. Si on cherche à l'attaquer ou à l'injurier, qu'il dise deux fois: ´´Je jeûne´´. J'en jure par Celui entre les mains de Qui est ma vie, le relent de la bouche du jeûneur est plus agréable à Dieu que l'odeur du musc: ´´Le jeûneur renonce pour moi (a-t-Il dit) à sa nourriture, à sa boisson, à (l'assouvissement de) sa passion charnelle: Je le récompenserai, lui et ses bonnes actions, au décuple´´.» (El-Boukhâri) Face à cette réalité, il n'est que possible de se rendre dans les livres que le hasard parfait et généreux met sur le chemin que l'on veut emprunter pour être l'humble chercheur de la Lumière dont le Prophète (QSSSL) est l'Unique Avertisseur. Il est clair que les leçons de vraie vie sont dans le Coran et dans la conduite de Son Envoyé, c'est-à-dire dans El-Qour'ân et es-Sounna, les sources du dogme et de la loi en Islâm. Et, bien sûr, dans la lecture des Savants et des Exégètes; d'abord de ceux qui ont construit leur foi, mesuré et mûri leur conviction et qui ont projeté leur être, leur science, leur humilité et leur pensée dans ce que l'on est convenu de désigner par el-Madhâhib; et ce sont des systèmes juridiques formant des Ecoles dites orthodoxes. On en cite généralement quatre: la plus ancienne est celle de Mâlik Ibn Ânas (viiie siècle), presque à la même époque, celles de Aboû Hanîfa, de ech-Châfi‘î et de Ahmad Ben Hanbal. L'Islâm, s'étant immédiatement constitué comme loi et vie sociale et communautaire, a ouvert des pistes de recherche aux intellectuels. Ceux-ci ont développé divers mouvements dont le Soufisme (avec Ibn el-‘Arabî, maître de l'exégèse soufie), et bientôt - mais à un degré nettement singulier - la philosophie splendide avec El-Ghazâlî, Ibn Rochd,... Le Soufisme n'est alors pas un simple attrait extériorisé d'une mystique fidèle à la Lettre du Coran. La pensée juste, puissante et créative va intervenir pour revivifier l'authentique spiritualité, celle que le Livre d'Allah offre à l'humanité pour que cette humanité, ainsi qu'il est mentionné dans le Coran, «réfléchisse». En effet, maints versets coraniques exaltent l'intelligence et avertissent: «La‘allakoum tadhakkaroûn, peut-être réfléchiriez-vous», ce qui engage l'humanité à être ou à ne pas être. À cet effet, on me permettra d'aborder ce qui me semble indispensable à en connaître en me référant aux grands pédagogues de l'Islâm, sachant parfaitement que le plus grand reste et restera l'Unique Avertisseur, c'est-à-dire le Prophète de Dieu, notre Seigneur Mohammed Çalla Allah ‘alyhi wa sallam.