Le chanteur de rock Cheikh Sidi Bémol a animé, mardi soir, un concert au Théâtre de verdure du complexe culturel Laâdi-Flici d'Alger, offrant à ses fans, venus en masse, un voyage musical à travers les pages de son répertoire. Cheikh Sidi Bémol ou Elho pour les intimes a transporté, pendant près de trois heures de temps, un public algérois envoûté et en effervescence, composé de toutes les tranches d'âges, notamment de jeunes personnes qui se sont abandonnées aux rythmes et musiques que dégageait la scène. Bled Etchina, Ali El Bandi, Saâdia, Makayen Walou Khire Men l'Amour, Ya Boudjeghlelou, Walou, Goumari, Maâliche ainsi que d'autres titres phares du chanteur, tirés du premier au dernier album, ont été interprétés en osmose avec le public qui semblait connaître les paroles par coeur. Paroles nostalgiques qui évoquaient la beauté des paysages que recèle l'Algérie, notamment la région de Kabylie, d'autres critiques, reflétant la situation sociale de la jeunesse algérienne avec des notes d'humour, chantées sur des airs rock, parfois fusionnés avec d'autres genres musicaux puisés du patrimoine local ou universel, ont marqué la soirée, qui s'est déroulée dans une ambiance très chaleureuse. «Il nous a manqué!» «Enfin un concert à Alger, depuis le temps qu'on l'attendait» ou encore «Le Cheikh a mis du temps pour venir enfin nous enchanter», ce sont les quelques phrases exprimées ici et là parmi les fans présents, dont les visages dégageaient une certaine admiration envers leur idole qui, à son tour, montrait une mine sereine et apaisée. «Je vois que le public algérois est toujours en forme. J'ai comme l'impression qu'il s'est multiplié. J'étais très surpris de voir beaucoup de jeunes présents ce soir. C'est vrai qu'il y avait toutes les générations, mais les jeunes ont dominé le public et cela m'a fait très plaisir» a déclaré Cheikh Sidi Bémol après le concert. Il a indiqué, qu'il avait attendu la date du 31 mai avec «beaucoup d'émotion» car depuis le concert qu'il a animé au même endroit en juillet de l'année 2008, il n'a plus retrouvé son public d'Alger, même s'il a été en tournée dans d'autres wilayas du pays en mai dernier et participé au Festival de Djoua à Béjaïa en juillet. Interrogé sur le métissage des différents styles de musique qu'un nombre important d'artistes et de groupes nationaux et étrangers pratiquent, Cheikh Sidi Bémol, qui en est lui même adepte, voit en cela un «processus irrémédiable» de métissage culturel, artistique, sociologique et biologique, dans lequel la planète est entrée. «Celui qui tente de résister à ce processus a perdu d'avance et il ne pourra survivre que dans les musées. Les artistes ne sont pas coupés du monde et, aujourd'hui, ce monde n'est pas encore le village planétaire de Mac Luhan, mais c'est une sorte de banlieue infinie où les cultures se croisent et s'échangent leurs chromosomes», analyse-t-il, avec une note d'humour.