Les aveux du vice-Premier ministre aussi brefs qu'ils soient, ont le mérite de confirmer deux choses: Zerhouni n'attendait pas cette nomination et ne voulait surtout pas quitter un département qu'il avait géré pendant les années noires. Sortie inattendue du vice-Premier ministre, M.Yazid Zerhouni. Jeudi, en marge de l'ouverture de la session d'automne du Parlement, il annonce pour la première fois avoir demandé des explications au Président sur sa nomination au poste de vice-Premier ministre et les raisons de son éviction du département de l'intérieur. «Je n'ai jamais dit que ma nomination à ce nouveau poste me déplaît. Mais il est vrai que lorsque j'ai appris la décision, j'ai demandé des explications au Président sur ses motivations», a-t-il fini par lâcher devant un groupe de journalistes. Trois mois sont passés depuis sa nomination, le ministre est-il mieux éclairé sur ces motivations? Non, pour la simple raison que Zerhouni n'a pas eu de réponse. Pis, il ignore même ses missions: «J'attends toujours la définition de mes prérogatives par le Président», poursuit-il. Le décret présidentiel définissant les missions et les prérogatives du vice-Premier ministre n'a toujours pas été publié. Toutefois, si Yazid Zerhouni ne perçoit pas sa nomination comme «une promotion», il défend qu'il est satisfait de son poste actuel: «Je suis bien dans mon nouveau poste» affirme-t-il, sans grande conviction. Il rejette d'emblée les lectures qui évoquent l'intention du Président de lâcher son ancien ministre de l'Intérieur. Le flou total qui entoure les missions du Premier ministre, a poussé Zerhouni à garder le silence sur bien des questions importantes sur lesquelles il avait pourtant l'habitude de s'étaler devant la presse. Jeudi, le vice-Premier ministre donnait la nette impression qu'il était complètement bloqué, immobilisé même dans son nouveau portefeuille ministériel: «Je m'exprime sur ce que je sais et je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas», soutient-il encore. Les aveux du vice-Premier ministre aussi brefs qu'ils soient, ont le mérite de confirmer deux choses: Zerhouni n'attendait pas cette nomination et ne voulait surtout pas quitter un département qu'il avait géré pendant les années noires de l'Algérie. Autre chose: le poste de vice-Premier n'est pas perçu comme une promotion par l'intéressé. Beaucoup d'encre a coulé depuis le dernier remaniement ministériel intervenu le 28 mai. Même si l'information circulait avec persistance dans les coulisses politiques, il est vrai que l'attribution du poste de vice-Premier ministre à Yazid Zerhouni a surpris plus d'un. Les spéculations allaient bon train. Certaines évoquaient un froid entre le Président et son ministre, d'autres une mauvaise gestion «des dossiers lourds.» Des avis qui ne sont pas partagés par tout le monde. Certains observateurs parlaient de promotion. Noureddine Yazid Zerhouni est après tout le premier vice-Premier ministre dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Le président de la République a choisi l'ex-ministre de l'Intérieur pour occuper ce poste, créé à la faveur du dernier réaménagement constitutionnel adopté en 2009. Mais le doute commençait à s'installer après les séries de mesures prises par son successeur, M.Daho Ould Kablia. La première concerne les allègements apportés aux procédures initiales d'octroi du passeport et de la carte nationale biométriques. Par ailleurs, aussitôt installé, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a annoncé le plan d'action inhérent à son département, contenu dans le programme présidentiel. Ce dernier comporte en priorité, la finalisation des réformes politiques et institutionnelles liées au secteur. Des réformes lancées par Zerhouni lesquelles n'ont pas été concrétisées sur le terrain. Ce programme et le plan d'action qui en découle, devant être exécutés «dans les meilleures conditions possibles», a-t-il mis en exergue lors d'une rencontre avec les cadres du secteur. Il s'agit, en premier lieu, de la finalisation des réformes politiques et institutionnelles, avec la révision du Code de la commune, déjà adopté en réunion du gouvernement (et) du Code de la wilaya, en cours d'examen. Ces réformes concernent, en outre, «la préparation de projets de textes législatifs portant amendement de la loi sur les partis politiques, sur les associations, ou sur le régime électoral.» Dans le même ordre d'urgence, il s'agira de procéder à l'examen et à l'étude des dossiers de gestion administrative pure. Dans ce cadre, il y a le problème crucial de l'état civil.