Le président de la JS Kabylie, Moh Chérif Hannachi, tout heureux de cette qualification aux demi-finales de la Ligue des champions africaine, revient dans cette interview accordée à L'Expression, sur l'exploit kabyle tout en évoquant le prochain match prévu le 10 septembre face à l'autre équipe égyptienne d'El Ismaïly. Le boss kabyle parle également, les quelques soucis auxquels il est confronté, sans oublier d'évoquer le professionnalisme en Algérie et l'entrée de son club dans cette nouvelle ère du football en Algérie. L'Expression: Battre les deux plus grandes équipes égyptiennes et arracher une qualification aux demi-finales de la Ligue des champions est une véritable performance pour la JSK, n'est-ce pas? Moh Chérif Hannachi: Ecoutez, je suis vraiment fier que mon équipe se soit qualifiée dans cette Ligue des champions alors qu'elle se trouve dans le groupe le plus difficile de cette compétition. Et ma fierté est encore plus grande en tant qu'Algérien, car nous représentons l'Algérie dans cette compétition. Il est donc normal qu'on soit si heureux. Notre grande expérience en Afrique est derrière notre réussite. Cette réussite s'explique également par les gros efforts fournis par tous, joueurs, staffs et dirigeants. S'il y a bien quelque chose qui mérite d'être noté avec amertume, c'est bien «la brillante» absence de l'Entv au Caire. Les responsables de la Télévision nationale n'ont même pas pris la peine d'effectuer le déplacement avec nous. Autre chose, à notre retour, aucun responsable de notre football n'était à notre accueil à l'aéroport. Pourtant, nous représentons l'Algérie dans cette compétition continentale. Vous venez de citer le staff technique, ouvrons une parenthèse pour vous demander est -ce que vous comptez bien discuter avec Geiger pour la signature d'un contrat? Il n'en est absolument pas question. Je n'ai rien demandé et le coach n'a également rien demandé. Je ne vois pas pourquoi on fait sortir de tels mensonges. D'ailleurs, pensez-vous que je vais résilier un contrat avec le coach alors qu'il en a déjà signé un d'une année renouvelable et qu'il se trouve très bien chez moi? Est-ce le retour de la grande équipe de la JSK? Ecoutez, je viens de prouver que je ne parle nullement dans le vide. J'avais bien promis l'année dernière, à l'orée de la saison, que nous allions tenter de nous qualifier à la phase des poules dans cette Ligue des champions africaine. Et vous constatez de vous-mêmes que non seulement nous nous sommes qualifiés à cette phase des poules, mais nous nous sommes également qualifiés avant tout le monde aux demi-finales. Cela me fait rappeler le début des années 2000 où nous avions réussi à arracher la Coupe d'Afrique tout en la gardant trois années d'affilée. J'avais, en outre, bien déclaré alors, que si nous procédions quelques changements dans cette équipe de jeunes, on pourrait bien atteindre nos objectifs. Ceci donc été bien fait, Dieu merci. Etre en demi-finales est-ce à dire que le nouvel objectif de la JSK est ce titre africain? Ecoutez, on a une équipe jeune dont les joueurs affichent une volonté de fer pour aller de l'avant. Le staff technique a bien démontré ses capacités et j'espère donc aller avec mon équipe jusqu'au bout de cette compétition continentale. Il ne faut pas oublier que si on s'en est bien sorti avant la fin de cette phase des poules pour nous qualifier en demi-finales, alors qu'on se trouve devant de grandes équipes africaines, cela voudrait dire qu'on a bien la chance de remporter ce Trophée. Mais, en demi-finales ce sera encore plus difficile, non? Il est vrai que nous aurons également trois des meilleures équipes africaines. Il faut tout de suite le dire, nous n'avons peur d'aucune équipe dans cette compétition. Nous viserons bien pourquoi pas, ce titre africain. La JSK est donc bien en demi-finales. Comment abordera-t-elle le prochain match contre El Ismaïly à Tizi Ouzou? Mathématiquement, il nous manque encore un point pour assurer définitivement la 1re place de ce groupe. Nous allons donc tout faire pour bien négocier ce match et arracher la victoire. Nous allons donc jouer pour bien garder cette première place. Avez-vous trouvé l'aide nécessaire de la part des pouvoirs publics dans vos différents déplacements en Afrique? J'ai eu récemment une discussion avec le président de la Fédération algérienne de football et il m'a promis qu'on aura un vol spécial pour notre dernier match des poules au Nigéria contre Heartland. Sinon, nous n'avons reçu aucune aide d'ailleurs. Au moment où je vous parle, nous n'avons même pas la confirmation de ce vol spécial. Nous sommes tous réunis au siège du club et nous sommes vraiment très déçus de ce côté-là... Comment la JSK prépare-t-elle son entrée dans le professionnalisme? On vient d'effectuer notre demande pour l'obtention de la carte fiscale alors qu'on a déjà déposé notre dossier complet auprès de la Ligue nationale de football, chargée de ce volet. On est donc bien en règle avec l'instance dirigeante du football algérien. Et qu'en est-il de la SPA-JSK? Eh bien, tout marche bien. Nous avons décidé d'augmenter notre capital tout en fixant la barre de un million de centimes pour chaque part au sein du groupe. Nous envisageons de nous ouvrir pour les actionnaires durant cette semaine ou, juste après les fêtes de l'Aïd. Sur le plan du sponsoring et au vu des résultats de l'équipe, nous allons contacter d'autres sponsors pour aider l'équipe. Nous avons effectué toutes les démarches et nous avons déposé notre dossier de la SPA-JSK auprès de la Fédération algérienne de football. Nous ouvrons donc notre capital aux actionnaires et j'espère que tous ceux qui aiment la JSK doivent y contribuer et contribuer à notre démarche. Pensez-vous que le professionnalisme réussira en Algérie? Il ne faut surtout pas se précipiter. Nous sommes tout à fait au début de l'ère du professionnalisme chez nous. Nous nous trouvons donc juste dans la première période de l'apprentissage du professionnalisme. Il faudra donc suivre les étapes petit à petit pour y arriver. Je suis convaincu qu'avec des hommes compétents et très fonceurs, nous allons à coup sûr réussir. La FAF a bien limité le nombre des joueurs étrangers et l'action du club, qu'en pensez-vous? En principe et concernant les joueurs étrangers, il faut dire qu'on devrait entrer directement dans le professionnalisme. Ce qui veut dire qu'on ne doit fixer aucune limite. Ni celui des joueurs étrangers ni celui du chiffre 25 annoncé par la FAF. Nous sommes bien professionnels et tout doit donc changer. D'ailleurs, à commencer par la FAF aussi. Les différents règlements de la FAF doivent subir des amendements et quelques changements. Il faut se mettre donc à jour avec le professionnalisme. En Coupe d'Afrique, la Confédération africaine de football fixe le nombre des joueurs à 30. Pourquoi donc le ramener à 25 chez nous? Mais la FAF évoque les statistiques de la saison passée qui font ressortir que les clubs algériens n'ont pas fait jouer plus de 18 joueurs durant la saison, d'où cette idée de fixer le chiffre à 25. Ecoutez, l'année dernière, on était toujours dans l'ère de l'amateurisme. On vient de passer à celle du professionnalisme. Il faut donc changer les idées et les règles. Je pense que ce chiffre de 25 joueurs maximum pour chaque équipe n'est pas bon. Ce n'est point la formule adéquate pour bien réussir. Il ne faut pas que seuls les clubs doivent changer, la Ligue et la FAF doivent également changer les textes pour bien assurer l'entrée dans le vrai professionnalisme. Il faudrait laisser le choix aux clubs de se débrouiller s'ils veulent avoir plus de 25 joueurs et ramener des étrangers aussi. Tout doit donc changer si on veut bien réussir cette opération. Justement, le président de la FAF avait argumenté ce chiffre par le fait que la saison dernière aucune équipe n'a utilisé plus de 18 joueurs, qu'en dites-vous? Eh bien, je dirais simplement que l'année dernière, les clubs ont été toujours amateurs, mais cette année, on est censés être professionnels et donc ce n'est plus le cas d'autant que nous n'avons pas utilisé 25 joueurs l'année dernière aussi!...De plus, il n y a pas que les clubs qui doivent opérer des changements, on doit également effectuer des amendements aux règlements de la FAF, à titre d'exemple. Il faut donc que tout le monde commence à changer sa manière d'opérer pour passer au véritable professionnalisme. Les jeunes joueurs de la JSK ont bien prouvé que le joueur local possède un bon niveau pour prétendre à l'équipe nationale, qu'en pensez-vous? Vous voulez que je parle de Saâdane? Je ne veux absolument pas le faire. La raison est toute simple, Saâdane s'est fait sa propre vision. Et il ne veut absolument pas la changer sur ce cas-là et il ne la changera, sans doute pas. Et là, je dirais donc que c'est vraiment malheureux pour notre football national. C'est un grand problème de ne point faire confiance aux joueurs locaux, mais quelle serait donc la solution? C'est aux responsables de la Fédération algérienne de football de régler ce problème. Ils doivent secouer le sélectionneur national pour qu'il fasse confiance aux locaux. Car, à ce train-là, on n'aura aucune relève à l'avenir et ça ne servirait à rien de former localement. Quelle sera donc votre conclusion? Ecoutez, je souhaite vraiment que cela puisse changer du côté du choix des joueurs de l'Equipe nationale. Il faudrait bien faire confiance aux joueurs locaux à l'avenir. Sinon, ça ne sert à rien de professionnaliser le football algérien. Il y a certes des joueurs professionnels et qui sont vraiment professionnels. Mais, d'autres sont des amateurs professionnels. Et on a bien des joueurs locaux meilleurs que ces derniers. Il faudrait donc bien leur donner leur chance comme tous les professionnels.