Il a fallu plus de deux mois de filature et de suivi continu pour venir à bout de ce groupe composé de quatre personnes. La capitale est en passe de devenir une plaque tournante du trafic de drogue. Plusieurs affaires liées aux stupéfiants sont enregistrées à Alger ces derniers temps, selon le chargé de la communication de la sûreté d'Alger, Samir Khaoua. Pis encore, des affaires liées aux drogues dures comme l'héroïne et la cocaïne sont également enregistrées, précise la même source. La brigade de recherche et d'investigation (BRI) du service de la police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger a mis la main, au cours de la semaine coulée, sur une quantité importante de cannabis. Il a fallu plus de deux mois de filature et suivi continu pour venir à bout de ce groupe composé de quatre personnes. Les policiers devaient d'abord vérifier la véracité de l'information faisant état de l'acheminement de drogue depuis la région d'Oran ou encore de Tizi Ouzou, a indiqué hier un officier de police de la BRI d'Alger, Rahmouni Ahmed. Près de 20 kg de kif traité trouvés chez ces individus ont été saisis par la police. Cette prise remonte au 25 août dernier quand l'un des membres du réseau, âgé d'une trentaine d'années, fut arrêté à bord d'un véhicule de location. Trois jours après, le reste du groupe, au nombre de trois, a été arrêté à son tour. Tous des repris de justice, ces jeunes trafiquants sont âgés de moins de 30 ans. Durant le mois de Ramadhan la consommation de drogue fait rage en période de jeûne, selon de nombreux observateurs. «Après la prière d'El Icha fais ce que tu veux». Cela est une thèse dogmatique des jeunes drogués qui s'adonnent à la consommation du cannabis durant le mois de Ramadhan, d'après la psychologue de la cellule de prévention de la Gendarmerie nationale contre la toxicomanie dans le milieu juvénile. Selon cette psychologue, «plus souvent les jeunes toxicomanes qui fument des joints lors des veillées ramdhanesques s'ingénient à trouver mieux dans leur procédé de mort lente». Pour perpétuer l'effet le lendemain, les jeunes et moins jeunes drogués, «avalent des petites quantités, voire des plaquettes de cannabis enrobées dans des feuilles à tabac». «La plupart des jeunes sans réelle volonté de cesser, donc irrécupérables, sombrent dans leurs habitudes néfastes. Néanmoins, cela n'empêche pas certains d'entre eux de remonter la pente. Armés de volonté, des jeunes drogués se sont transformés en studieux élèves et ont même réussi à leur examen du baccalauréat», estime la même psychologue tout en soulignant que «ces jeunes drogués ont surtout besoin d'écoute que d'autre chose». Ce fléau a pris une ampleur inquiétante qui menace le corps social dans toutes ses dimensions. Les dealers ciblent leurs clients devant les mosquées, les cafés et les places publiques. Longtemps classée phénomène sociologique invisible, la consommation de la drogue, jadis véritable tabou en Algérie, s'est installée insidieusement depuis des années dans le quotidien des Algériens. Désormais, personne n'est à l'abri. Toutes les catégories de la société sont exposées à ce phénomène ravageur. Les écoles, les mosquées, les casernes, le milieu carcéral et les campus universitaires ne sont pas épargnés. Les jeunes y trouvent un refuge à leur mal-vie. Les statistiques, établies au courant de la décennie écoulée, font ressortir une tendance évolutive des quantités de drogue annuellement saisies. Une récente enquête sur la drogue en Algérie a fait ressortir que 60% des chômeurs consommateurs de drogue se droguent d'une façon permanente contre 17,41% d'étudiants et 4,5% d'étudiantes.