Aucun relâchement n'est permis vu que les quartiers d'Oran sont devenus de grands marchés ouverts au kif, à la cocaïne et aux psychotropes. «90% de nos sorties sont fructueuses, vu les informations qui nous sont parvenues, la prise de cette mission sera bonne» a indiqué le premier responsable de la brigade en charge de la lutte contre les stupéfiants. La prévision de ce dernier s'est concrétisée, lundi, à l'Usto à la faveur d'une opération qui a abouti à la saisie d'une grande quantité de kif traité, d'importants paquets de psychotropes et l'arrestation d'un dealer. «Outre sa vocation de plaque tournante de transit des drogues, la wilaya d'Oran est devenue un pôle, par excellence, de consommation et de commercialisation», a regretté un autre policier. La traque, qui se poursuit, n'est pas une aussi simple mission. Les policiers en charge de cette mission font face à plusieurs fronts: recueillir l'information, mettre en place une stratégie et un dispositif secret et fiable et puis intervenir au moment opportun. Il est 8h du matin, les sirènes assourdissantes des motards et celles des véhicules de la police commencent à déchirer le silence matinal de cette journée de lundi. Les éléments de la brigade de lutte contre les stupéfiants se sont réunis pour débattre des informations recueillies la veille, notamment le signalement d'un nouveau dealer. Une autre mission ardue attend ces policiers censés agir dans la discrétion en plein milieu d'un quartier populaire d'Oran. D'autant que le dealer dénoncé est un multirécidiviste et connaisseur de tous les modes opératoires des enquêteurs. Toutes les dispositions ont été prises. Les policiers guettent de près les mouvements du «vendeur». Tous les chats ne sont pas gris Le mandat de perquisition signé par le procureur de la République tombe à pic. Le premier responsable de la police judiciaire donne son aval. Aussitôt, les éléments de la brigade de lutte contre les stupéfiants mettent en oeuvre une opération dite chirurgicale. Au bout de 25 minutes, les mêmes policiers reviennent avec un grand butin, un dealer dans les filets tandis que ses «ventes» ont été saisies sans grand bruit. Le trafic de drogue prend des courbes inquiétantes. El Bahia subit au quotidien des «attaques au kif», l'alerte maximale est décrétée. «Oran n'est pas seulement ce pivot central de transit de toutes sortes des drogues mais également ce pôle de commercialisation et de consommation, il faut passer à l'acte et avant que toute la société ne soit empoisonnée», nous a expliqué un policier qui se prépare activement à l'arrestation d'un dealer signalé à l'Usto. «Aucun relâchement n'est permis vu que les quartiers d'Oran sont devenus de grands marchés ouverts au kif, à la cocaïne et aux autres psychotropes», a-t-il ajouté. La traque est à son summum. Les opérations se succèdent au même titre que les saisies. A l'issue de chacune des missions, plusieurs réseaux sont démantelés et plusieurs barons et dealers tombent. «Je suis le dernier vendeur qui tombe à l'Usto, la police a emprisonné tout le monde», a affirmé H.Zine Tedj, dealer arrêté, lundi après-midi, en flagrant délit en sa possession de trois grandes plaques de résine de cannabis et près de 200 psychotropes de marque Rivotril. Sur place, un policier apportera lea preuve du contraire en déclarant que le dealer tente, vainement, de faire diversion aux fins de camoufler, ses compères en plein «activisme». «Les réseaux guidés par des barons du trafic de drogue poussent comme des champignons», a-t-il ajouté tandis que la traque continue de plus belle. Ce n'est là qu'un petit exemple d'une opération banale, se frottent fièrement les mains, les policiers en charge de la lutte contre les stupéfiants. «Le gros lot est à venir à la suite de l'exploitation d'amples renseignements que nous attendons sur une grosse affaire», a indiqué un autre. La chasse à l'homme ne connaît pas de répit à Oran. Toutes les pistes sont utilisées, aucune information, petite ou grande, n'est à négliger. A la faveur de la forte demande, le phénomène du trafic de drogue prend de l'ampleur. En effet, les dernières opérations et les bilans sont plus que révélateurs. La ville d'Oran, de l'est à l'ouest, est devenue un foyer incontournable de la consommation et de la commercialisation de toutes les drogues. Ainsi, jusqu'à la fin du mois dernier, près de 15 quintaux de kif traité ont été saisis à travers la wilaya. Les réseaux criminels s'affirment de plus en plus en oeuvrant sur tous les fronts. Les barons tombent les uns après les autres, tandis que les dealers, qui connaissent le même sort, émergent rapidement. Les policiers font face à des situations inédites. «Chaque réseau et chaque dealer possède son mode opératoire qui lui est propre, c'est pourquoi il est nécessaire de se mettre à jour.» Les services chargés de cette tâche ont recensé 215 affaires de commercialisation et de consommation de drogue. Au total, 235 personnes ont été arrêtées dont 196 placées sous mandat de dépôt. Les services en charge de la lutte contre les stupéfiants ont bouclé, tout récemment, l'une des plus grandes affaires de trafic international de drogue. La saisie était de 430 kilogrammes de kif traité. Celle-ci a été l'aboutissement d'une affaire similaire dans laquelle une quantité de 75 kilogrammes ont été saisis. «Notre satisfaction est de voir tous ces dealers derrière les barreaux», a révélé le policier surnommé «Azrayen» ou l'ange de la mort. «Sans une prise de conscience citoyenne, il n'y aura jamais autant de prises ni de démantèlement», a affirmé un policier en ayant fait irruption, dans un café, pour procéder à l'arrestation d'un dealer dénoncé. Mais d'où vient la drogue? Le prix du kif varie selon la règle de l'offre et de la demande. D'après le chef de la brigade de lutte contre les stupéfiants, les tarifs appliqués sont tributaires de la mobilisation de ses éléments. Dans le cas où les batailles sont acharnées, les dealers et les barons se mettent à l'abri et la drogue se fait rare. Les «pénuries» affectent directement les tarifs. D'où proviennent toutes ces quantités? D'un doigt accusateur, le Maroc est la première source désignée. Les arrivages via les frontières Ouest sont énormes. En moins de deux mois, les éléments en charge de la traque des stupéfiants ont mis la main sur une quantité avoisinant 5 quintaux de kif traité. Plusieurs arrestations ont été opérées au-delà même de la wilaya d'Oran après prolongation de prérogatives. Des jeunes, moins jeunes, vieux, hommes et femmes, usant des véhicules de différents tonnages, investissent le «secteur» au gain facile. Toutes les voies sont empruntées. Les wilayas de Tlemcen et Aïn Témouchent, sont les principaux axes qui lient la ville d'Oujda et la capitale de l'ouest de l'Algérie. Aussi, les plages de Tlemcen, Mostaganem et de Aïn Témouchent sont devenues des points ciblés pour le largage d'énormes quantités, notamment après que les gardes-frontières ont reserré l'étau au niveau des frontières terrestres Ouest.