Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a officialisé samedi à Abuja, sa candidature à l'élection présidentielle prévue en janvier 2011, après l'avoir annoncée mercredi sur sa page Facebook. Le chef de l'Etat du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui a annoncé formellement sa candidature hier à la présidentielle de 2011, est un scientifique au parcours politique atypique, qui incarne des changements, parfois très symboliques. Elu vice-président en 2007, ce docteur en zoologie âgé de 52 ans a été propulsé à la tête de la nation la plus peuplée d'Afrique en mai, après la mort de son prédécesseur Umaru Yar'Adua des suites d'une longue maladie. Il est ainsi devenu le premier chef de l'Etat issu du delta du Niger, région pétrolifère-clé, en proie à des troubles. S'il remporte le scrutin de janvier 2011, cet Ijaw sera le premier dirigeant nigérian n'appartenant pas à l'une des trois principales ethnies du pays: Yoruba, Haoussa-Fulani et Ibo. Entré en politique il y a seulement une dizaine d'années, «Goodluck» semble avoir eu la chance à ses côtés au fil d'un parcours marqué par des concours de circonstances. Après avoir enseigné puis travaillé pour la protection de l'environnement au sein d'une agence gouvernementale, cet homme né d'une famille modeste qui fabriquait des pirogues se lance en politique en 1998. En 1999, année du retour de la démocratie, il est élu gouverneur adjoint de Bayelsa, l'Etat dont il est originaire. En 2005, le gouverneur Diepreye Alamieyeseigha est destitué, accusé de blanchiment d'argent, et Goodluck Jonathan prend les commandes de l'Etat pétrolier jusqu'en 2007. Le parti du peuple démocratique (PDP), qui domine très largement la scène politique, le choisit comme candidat à la vice-présidence en 2007, estimant qu'il est «le plus propre» des gouverneurs des Etats du delta, réputés très corrompus. Avec Yar'Adua, un musulman du Nord, ce chrétien du Sud forme un tandem répondant au souci de préserver un équilibre confessionnel et ethnique à la présidence. Les 150 millions de Nigérians se partagent également entre les deux religions. Sa candidature pour 2011, qu'il a annoncée après avoir tenu en haleine le pays pendant plusieurs mois pose, de ce point de vue un problème selon certains, car d'après une règle non écrite d'alternance du pouvoir tous les deux mandats, le prochain président devrait être un musulman du Nord. Le PDP se retrouve ainsi actuellement divisé sur cette question délicate. Goodluck Jonathan, un homme réputé calme, que certains critiquent pour son manque de charisme, a notamment fait part de sa volonté de réformer en profondeur le secteur de l'électricité. Une question cruciale pour un pays très largement éclairé par des générateurs. Même si cette promesses a déjà été faite maintes fois, de nombreux Nigérians ont placé leurs espoirs en Jonathan. Le président-candidat s'est fait remarquer ces derniers mois par son utilisation inédite de Facebook. Sur sa page, il poste quotidiennement des commentaires auxquels des milliers d'internautes répondent. C'est via un message sur ce réseau social qu'il a pris de court les Nigérians en annonçant mercredi qu'il serait candidat à la présidentielle. Sur sa page, ornée d'une photo où il porte comme toujours un stetson et une chemise traditionnelle de sa région, il se présente: «J'ai toujours consacré ma vie au service du pays. Je veux servir mon créateur, ma famille et mon pays de mon mieux et, avec votre aide, je souhaite m'améliorer encore». Avec Umaru Yar'Adua, il avait été élu en 2007 lors d'un scrutin largement entaché d'irrégularités selon presque tous les observateurs électoraux. Né le 20 novembre 1957, Goodluck Jonathan est marié et père de famille.