Telle a été la condamnation, hier, par le procureur de la République à la fin du procès des deux citoyens âgés respectivement de 34 et 47 ans. Le procès a eu lieu, hier, au tribunal de l'ex-Michelet au moment où, des dizaines de citoyens observaient un rassemblement afin de signifier leur solidarité avec les deux accusés, mais aussi pour dénoncer ce qu'ils qualifient à l'unanimité, d'atteinte à la liberté de culte et aux libertés individuelles. Le procès s'est ouvert le matin à 9 heures. Les deux citoyens qui étaient à la barre des accusés n'ont aucunement réfuté les faits qui leur sont reprochés, à savoir d'avoir mangé puis bu de l'eau le 12 août dernier, pendant la journée en plein mois de Ramadhan. Ce sur quoi ils ont insisté, par contre, c'est le fait qu'ils étaient à l'intérieur du chantier dans lequel ils travaillaient au moment où ils ont été surpris par deux policiers en train de se désaltérer. Leurs avocats ont abondé dans le même sens tout en s'attardant sur un fait important, à savoir l'inexistence d'un texte de loi interdisant aux Algériens de manger ou de boire le jour pendant le mois de jeûne. Quand on sait que les deux concernés sont de confession chrétienne, on s'interroge s'il ne s'agit pas tout simplement d'une atteinte à la liberté de culte pourtant reconnue, noir sur blanc, dans le texte de loi le plus important du pays: la Constitution. Donc, les avocats ont beaucoup insisté sur cet élément qui innocente de fait leurs clients. Aussi, ils ont nié l'existence d'une quelconque plainte déposée par des citoyens de la région résidant aux alentours de l'endroit où le jeûne n'a pas été observé. L'information de l'existence d'une plainte a été révélée, hier, par le procureur lors de son réquisitoire. Le premier responsable de la Justice a refusé de s'exprimer sur le procès des non-jeuneurs. Interrogé, en marge de la séance de vote des ordonnances tenue hier à l'APN, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz s'est montré réservé. «Je n'ai pas de commentaire à faire sur ce procès», a-t-il répondu aux journalistes. Le ministre justifie son silence par le fait que l'affaire est au niveau du tribunal. A la question de savoir si ce procès est légal où illégal, le ministre dira: «Il y a des magistrats compétents qui vont juger cette question.»