L'Afrique a les capacités de protéger son territoire. Ce qui est demandé de l'Europe c'est «une aide logistique». L'Algérie invite l'Europe à assumer ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme. «Il ne suffisait pas de dire que nous sommes contre le paiement des rançons aux terroristes, mais il faut que les institutions européennes prennent des dispositions pour criminaliser cet acte». indique Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines lors de son passage à la Radio nationale Chaine III. L'Europe devra commencer par criminaliser le paiement des rançons, une source de financement du terrorisme: «Aujourd'hui, les caisses des groupes terroristes sont financées à 95% par le payement des rançons» a-t-il déclaré. Paris et Madrid sont bien évidemment les premiers pays visés par l'intervention du ministre. Les deux capitales ont cédé aux demandes des ravisseurs qui se revendiquent du groupe d'Al Qaîda au Maghreb pour libérer leurs ressortissants. Mais quelque temps après, la France reçoit un autre coup, plus dur cette fois. Cinq de ses compatriotes qui activent comme collaborateurs des groupes français Areva et Satom, ont été enlevés le 16 septembre au Niger puis transférés au Mali. A l'heure actuelle, aucune revendication n'est formulée par les ravisseurs, mais Paris évoque des indices qui laissent croire que ses ressortissants sont entre les mains d'Al Qaîda. Depuis, les contacts n'ont pas cessé avec les pays de la région, notamment l'Algérie. Messahel a réitéré la position algérienne qui rejette toute intervention militaire occidentale dans la région. Les pays africains doivent, selon Messahel, jouer leur rôle de protection de leurs populations et de lutte contre le terrorisme, se disant «confiant» en les capacités des Africains à restaurer la paix et la stabilité, notamment dans la région du Sahel. «Je suis confiant et je sais que l'avenir travaille pour le retour de la paix et de la stabilité de la région grâce aux capacités que les Africains eux-mêmes peuvent développer, pour peu que tout soit bien compris. La lutte antiterroriste est l'affaire de tous.» En matière de lutte contre ce phénomène, M.Messahel a ajouté que les pays de la région «ont pris conscience que la question de la sécurité relève de la compétence et que c'est l'affaire de tous». C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, il y a aujourd'hui de plus en plus de coordination, d'échanges d'informations et un travail qui se fait à tous les niveaux des pays de la région. Les Etats doivent jouer leur rôle et la communauté internationale également. Messahel définit son rôle comme suit: «Le soutien, l'appui, la formation et le renforcement des capacités de soutien logistique et d'information des pays africains.» Messahel a indiqué que la menace terroriste dans la région du Sahel existe et est «réelle et certaine». «Les faits sont là. Il y a une menace terroriste dans la région du Sahel et nous savons qui est derrière. Ce sont des groupes qui se réclament d'Al Qaîda. C'est une menace qui est réelle et certaine», a-t-il précisé, notant qu'elle devient sérieuse de par l'existence de «connexions en sections organisées». Au sujet du paiement des rançons aux groupes terroristes, le ministre a indiqué que l'Algérie souhaite que les décisions prises par les Nations unies soient effectives. «Ce que nous voulons et militons pour. D'ailleurs, nous sommes en train de mener une campagne aux Nations unies, afin que les décisions soient effectives.» Messahel avoue avoir expliqué aux «collègues européens» qu'il n'était pas suffisant de dire que leurs pays ne payent pas de rançons. «Il faut que l'Union européenne, à l'image de l'Union africaine, prenne des dispositions pour pénaliser le payement de ces rançons.»