La Somalie est devenue une véritable menace pour l'ensemble du continent africain. Ce qui a été publié par L'Expression en date du 10 décembre 2009 vient d'être confirmé par le président somalien, Sharif Cheikh Ahmed, qui est à la tête d'un gouvernement de transition. Il a directement accusé, samedi, lors de l'assemblée générale de l'ONU qui se déroule à New York, que les insurgés islamistes cherchent à transformer son pays, ravagé par la guerre, en une base arrière d'Al Qaîda. Le président somalien ne manquera pas, dans son intervention, de faire appel à un soutien international accru, notamment par l'envoi d'un renfort pour faire face à ce qu'il a appelé les islamistes. Il est à souligner que Sharif Cheikh Ahmed est à la tête d'un staff qui contrôle partiellement la capitale somalienne, Mogadiscio avec le soutien des troupes de l'Union africaine. Cependant, la Somalie demeure, à ne pas en douter, un maillon faible, en particulier dans la lutte contre les réseaux terroristes et c'est ce qu'il a expliqué devant l'assemblée générale de l'ONU soulignant que les milices «Shebab» qui contrôlent une grande partie du centre et du sud de la Somalie sont devenues les alliées incontournables d'Al Qaîda. Il dira à ce propos: «Les activités des Shebab «retournent l'estomac à quiconque est doté d'une conscience. Ils tuent des citoyens somaliens en leur coupant la gorge, en les amputant de leurs membres, et ils ont commis d'horribles crimes contre l'humanité en décapitant leurs victimes et en jetant leurs têtes.» Et d'ajouter dans un discours exhaustif sur ce qui se passe dans ce territoire en guerre civile depuis 20 ans: «Les Shebab ne croient pas à la Somalie en tant qu'Etat, ni à la création d'un gouvernement en Somalie, mais veulent transformer toute la Corne de l'Afrique en une plateforme terroriste pour leurs chefs d'Al Qaîda pour semer le chaos dans la région et au-delà.» Nul n'ignore qu'Al Qaîda est une organisation tentaculaire qui ne cache plus désormais son objectif d'exporter sa guerre à partir de la Somalie où toutes les conditions sont favorables au terrorisme. Selon les informations vérifiées par des sources sécuritaires très au fait du dossier, la nébuleuse a déjà noyauté et pris en charge plusieurs groupes armés qui activent sur ce territoire miné. L'objectif, selon les mêmes sources, est de faire d'abord régner l'insécurité et d'entreprendre ensuite des actions d'envergure en direction des pays du Sahel. Il va sans dire que trois pays de cette zone sont entrés dans une tourmente, non sans avoir pris le soin de nourrir des complicités de haut niveau. Il s'agit du Mali, de la Mauritanie et du Niger où d'ailleurs Al Qaîda opère des kidnappings d'Occidentaux. Nos sources ajoutent que le seul problème qui se pose actuellement à Al Qaîda c'est le Tchad, un pays où l'on dit que l'opposition est plus ou moins contrôlée par El Gueddafi. L'enjeu est énorme puisque, selon toujours nos sources, il touche au moins six pays: le Niger, le Mali, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan, en plus de l'Afghanistan, le Pakistan, le Yémen. Entre ces pays, il y a forcément un seul fil conducteur et un seul auteur derrière l'instabilité qui y règne. Pour nos sources, ayant confié à L'Expression en date du 10 décembre l'année dernière, l'existence de la connexion entre Al Qaîda au Maghreb islamique et les tribunaux islamiques de la Somalie, celle-ci ne faisait plus aucun doute et de souligner qu'avec l'instabilité politique et la présence de groupes armés, contrebandiers et narcotrafiquants, au Tchad, au Mali, au Niger et maintenant en Mauritanie, c'est l'ensemble de la région du Sahel qui se trouve dans la gueule du loup. C'est ainsi pour dire que les groupes de pirates en territoire somalien ne constituent pas uniquement une extension des activités criminelles, mais que les importantes rançons récoltées par ces derniers c'est-à-dire les pirates, en trois ou quatre ans, ont permis d'occuper une position stratégique dans le plan concocté par Al Qaîda dont l'objectif demeure tout simplement la déstabilisation du Maghreb et d'une grande partie de l'Afrique. Il a été établi par les services de sécurité algériens, qui ont été les premiers à se pencher sur cette question que cet argent sert exclusivement à l'achat d'armes et de munitions et pour cela les choix sont multiples. Ils partent des régions tribales pakistanaises où existent des centaines d'ateliers de recyclage des armes en provenance des anciennes Républiques soviétiques et où les taliban ne s'avouent pas vaincus, et du Yémen où les partisans Hawthi chiites, soutenus par l'Iran, imposent au régime d'Ali Salah une guerre fratricide qui fait peur aux Saoudiens. Relativement à cela les groupes armés somaliens n'ont pas tardé à rendre la région plus explosive. C'est pour dire que la situation géographique de la Somalie au bord de la mer Rouge, proche d'un Yémen plongé lui aussi dans des troubles et d'un Soudan qui souffre d'une instabilité chronique, la Somalie est devenue une véritable menace pour l'ensemble du continent africain. A noter aussi que le péril somalien est né avec l'apparition de la nébuleuse Al Qaîda. Ce qui ne manquera pas de donner naissance à des mouvements armés en Somalie dont le plus connu reste les Tribunaux islamiques, à l'instar du Gspc en Algérie, qui ont soumis leur offre de service et de sous-traitance directement à Aymen Al Zawahiri et si le Sahel est devenu une zone à haut risque et si l'Algérie qui partage des milliers de kilomètres avec le Mali et le Niger a pu maitriser la situation grâce a l'expérience de ses hommes, notamment les services de sécurité, ce n'est pas le cas du Tchad, du Mali en partie complice avec les terroristes de la Mauritanie et du Niger.