Quelque 1000 milliards de dinars seront engagés pour relever le défi. C'est demain que sera lancée officiellement, la campagne agricole 2010/11, à Sétif. Ce rituel est marqué cette année par le début d'exécution du plan quinquennal 2010-2014 concernant le secteur de l'agriculture et du développement rural. Au-delà du satisfecit affiché par les responsables du secteur, il faut admettre que cette saison s'annonce sur fond de crise. Les filières stratégiques comme celles des céréales, le lait et les viandes sont fortement secouées. Pour la filière céréalière, dont la production nationale a connu un net recul (-27%) durant la saison précédente, c'est la flambée des cours des céréales que connaît le marché mondial qui suscite les préoccupations de l'Algérie, sachant que le pays est étroitement lié aux importations de blé tendre. La filière lait, elle aussi, n'est pas épargnée. Des pénuries récurrentes de lait en sachet persistent au moment où les transformateurs font état d'une baisse sensible en quantités de poudre importée par l'office de régulation «Onil». L'intégration du lait frais local n'arrive pas à dépasser le cap des 15% malgré toutes les mesures incitatives et subventions allouées dans ce cadre. Quant aux viandes, blanches par exemple, les récentes augmentations sur le marché international des prix du maïs et de l'orge, aliments essentiels de la volaille, menacent la filière d'une crise importante. En dépit de tous les systèmes de régulation échafaudés à coups de milliards de dinars, le secteur agricole demeure fragile. Au titre de l'actuel plan, 1000 milliards de dinars seront engagés pour pallier cette situation. En outre, cette saison verra la mise en oeuvre des mesures prises pour le renforcement du service de développement durable. L'agriculture va en effet, entrer dans le processus de la modernisation. Le secteur fera donc appel à la «connaissance et au savoir-faire», qui seront concrétisés en application du Programme de renforcement des capacités humaines et assistance technique (Prchat). D'ailleurs, l'Etat y consacrera quelque 24 milliards/DA/an et mobilisera toutes les compétences et infrastructures scientifiques et techniques disponibles. Ce programme sera lancé officiellement le 1er octobre, à l'occasion de la «Journée nationale de la vulgarisation». Les agriculteurs sont désormais dotés d'instruments pour relever le défi de la sécurité alimentaire. Les concernés vont se concerter au sein des conseils interprofessionnels créés dans chaque filière. «L'approche filière constitue un axe important de la nouvelle politique agricole parce qu'elle met en place les conditions d'une responsabilisation partagée,» a estimé le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. Par ailleurs, un appel est lancé aux investisseurs désirant investir dans la production sous-serre avec la proposition de prendre en charge les intérêts des crédits destinés à la réalisation des serres horticoles «multichapelle» autour des grandes villes. En effet, l'Etat accordera un soutien financier de 50% à tout producteur de céréales usant du dispositif d'irrigation d'appoint qui permet des rendements de 75 quintaux à l'hectare contre 12 à 15 actuellement. Les ministères de l'Agriculture et des Ressources en eau ont convenu de mettre à disposition toutes les ressources disponibles aux demandeurs. Cette filière va introduire dès cette année la production du maïs pour l'alimentation du bétail et des cheptels avicoles avec des produits locaux.