Synthèse de Smaïl Boughazi Le secteur agricole va franchir une nouvelle étape dans son développement. Après deux saisons consécutives (2008/2009 et 2009/2008) consacrées à l'organisation des filières et au recentrage des outils de travail, le lancement de la saison agricole 2010/11, demain à Sétif, à l'occasion de la Journée nationale de la vulgarisation, marquera le début du programme quinquennal 2010-2014 pour le secteur. Selon le ministère de l'Agriculture, dès cette année, ce secteur va entrer dans le processus de modernisation, puisqu'il va faire appel à la connaissance et au savoir-faire, qui sera apporté par le Programme de renforcement des capacités humaines et d'assistance technique (PRCHAT), pour lequel l'Etat va consacrer une enveloppe de 24 milliards de dinars par an et mobiliser toutes les compétences et infrastructures scientifiques et techniques dont dispose le pays. Ce programme, dont les contours seront dévoilés demain, va concerner tous les acteurs gravitant autour du secteur et qui contribuent de près ou de loin à la modernisation et à l'amélioration de la productivité. Outre l'approche filière adoptée par la politique du renouveau agricole et rural, les acteurs vont s'interconnecter dans les espaces de concertation et de dialogue que consacrent les conseils interprofessionnels créés à cet effet dans chaque filière. «L'approche filière constitue un axe important de la nouvelle politique agricole parce qu'elle met en place les conditions d'une responsabilisation partagée», souligne le ministre de l'Agriculture et du Développement rural dans un entretien accordé à l'APS. Selon l'interviewé, «durant cette année seront opérationnelles les unités créées dans le cadre de la restructuration des entreprises publiques pour les insérer dans la dynamique de régulation et de production des produits stratégiques. Ces établissements vont compléter l'action des opérateurs privés. Il s'agit d'entreprises de génie rural, de valorisation des produits du terroir, de production des plants et semences, de valorisation des fermes et des périmètres mis en valeur ainsi qu'une entreprise de froid, et une autre pour gérer les complexes d'abattage. Ces unités sont les instruments devant contribuer à la modernisation du secteur». M. Benaïssa annonce aussi «une action de fond à mener durant cette année». Il s'agit, a-t-il précisé, de «soutenir l'investissement dans les serres multi-chapelles par la prise en charge des intérêts des crédits, qui seront contractés par les opérateurs pour réaliser leurs serres avant le 31 décembre 2011». Outre une série de mesures destinées à l'augmentation de la surface agricole utile, cette année verra l'application des programmes du Renouveau rural à travers les Projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI). Elle devra être la première année où ces programmes seront mis en œuvre en matière de lutte contre la désertification, de protection du patrimoine forestier, steppique et des écosystèmes et de création de nouveaux périmètres agricoles. C'est aussi un grand appel à l'introduction de la technologie et des investissements. Enfin, le lancement de l'année agricole 2010/2011 coïncidera également avec le lancement de la campagne labours-semailles. Après deux années d'organisation, les céréaliculteurs s'approvisionnent à présent en intrants dès la fin de la campagne moisson-battage pour pouvoir semer leurs graines à temps, véritable casse-tête des agriculteurs auparavant. Cependant, le défi de l'amélioration des rendements interpelle la filière, qui demeure largement dépendante de la pluviométrie. Les professionnels devraient s'intéresser à l'introduction de l'irrigation d'appoint, une technique incontournable pour pallier les effets néfastes de la sécheresse.