Photo : Fouad S. La campagne agricole 2010/11, qui sera lancée officiellement jeudi à Sétif, marque le début du programme quinquennal 2010-2014 pour le secteur de l'Agriculture et du Développement rural et la première année où devraient s'exprimer, sur le terrain, toutes les réformes introduites par le secteur ces dernières années. Après deux saisons consécutives (2008/2009 et 2009/2008) consacrées à l'organisation des filières et au recentrage des outils de travail, la saison agricole 2010/11 vient pour mettre en œuvre toute cette batterie de mesures incitatives au service du développement durable, indique-t-on auprès du ministère de l'Agriculture. L'agriculture va entrer dès cette année dans le processus de la modernisation, puisque le secteur va faire appel à la connaissance et au savoir-faire, qui sera apporté par le Programme de renforcement des capacités humaines et d'assistance technique (PRCHAT), pour lequel l'Etat va consacrer une enveloppe de 24 milliards DA par an et mobiliser toutes les compétences et infrastructures scientifiques et techniques dont dispose le pays. Ce programme, qui sera lancé officiellement le 1er octobre, à l'occasion de la journée nationale de la vulgarisation, l'une des actions du PRACHAT au côté de la formation et la recherche, va concerner tous les acteurs gravitant autour du secteur et qui contribuent de près ou de loin à la modernisation et à l'amélioration de la productivité. Le secteur est doté à présent d'instruments devant faciliter le travail aux agriculteurs pour qu'ils puissent relever le défi de la sécurité alimentaire. Outre l'approche filière adoptée par la politique du renouveau agricole et rural, les acteurs vont s'interconnecter dans les espaces de concertation et de dialogue que consacrent les conseils interprofessionnels créés à cet effet dans chaque filière. «L'approche filière constitue un axe important de la nouvelle politique agricole parce qu'elle met en place les conditions d'une responsabilisation partagée», estime le ministre de l'Agriculture et du Développement rural dans une déclaration à l'APS. En même temps, le gouvernement avait pris une série de mesures pour restructurer les entreprises publiques et les intégrer dans le processus de régulation et de production de produits stratégiques. Ces établissements publics viennent ainsi pour renforcer et compléter l'action des opérateurs privés. vant du secteur (SGP-Proda et la SGDA) a donné naissance à plusieurs entreprises, spécialisées en génie rural, valorisation des produits du terroir, production des semences et plants, froid, et gestion des complexes d'abattage. Ces unités commenceront à être opérationnelles dès cette année et devraient apporter leur plus value dans le développement de la production et la productivité, souligne-t-on au ministère. Les pouvoirs publics lancent, dans ce contexte, un appel aux investisseurs désirant investir dans la production sous-serres en proposant de prendre en charge les intérêts des crédits destinés à la réalisation des serres multi-chapelles autour des grandes villes. Cette action devrait contribuer à l'augmentation des rendements et à la régulation du marché des produits maraîchers. Le lancement de l'année agricole 2010/2011 coïncide également avec le lancement de la campagne labours-semailles. Après deux années d'organisation, les céréaliculteurs s'approvisionnent à présent en intrants dès la fin de la campagne moissons-battages pour pouvoir semer leurs grains à temps, véritable casse tête des agriculteurs auparavant. Cependant, le défi de l'amélioration des rendements interpelle la filière, qui demeure largement dépendante de la pluviosité. Les professionnels devraient s'intéresser à l'introduction de l'irrigation d'appoint, une technique incontournable pour pallier les effets de la sécheresse. L'Etat accorde un soutien de 50% à tout céréaliculteur qui adhère au dispositif d'irrigation d'appoint grâce auquel il est possible d'obtenir des rendements de 75 qx/ha contre une capacité actuelle de 12 à 15 qx/ha en raison de la dépendance de la céréaliculture de la seule irrigation pluviale, au demeurant aléatoire. «Nous avons au moins un million d'hectares à équiper en irrigation d'appoint et il faudrait qu'on y arrive», relève M. Benaïssa. «Il faudrait que les acteurs de base comprennent leur intérêt. Les prix incitatifs sont faits pour qu'on puisse avoir un niveau de production minimale. Les crises mondiales nous le rappellent tous les jours», a-t-il ajouté. Pour la mobilisation de l'eau, le ministère de l'Agriculture et celui des Ressources en eau ont convenu de mettre à la disposition des agriculteurs toutes les ressources disponibles au niveau de toutes les zones de production. Cette filière stratégique va introduire dès cette année la production de maïs pour participer à l'alimentation de bétail avec des produits locaux, à l'instar de la luzerne et de l'orge.