«C'est vrai que, lorsqu'il (Rafael Benitez) est arrivé, on s'est un peu accrochés. Je lui ai dit que j'avais besoin de marquer plus.» Quasiment transformé en arrière gauche par José Mourinho, Samuel Eto'o a profité de l'arrivée de Rafael Benitez à l'Inter Milan pour frapper à la porte - «porta» en italien signifie «but»- et rappeler qu'il était avant tout buteur, avec un triplé contre le Werder Brême en Ligue des champions (4-0). Le Camerounais a été l'homme du match contre le Werder mercredi soir à San Siro avec trois buts et une passe décisive. Pour célébrer ce festival, l'ancien joueur du Barça s'est amusé à prendre un appareil photo à un photographe sur le bord du terrain et à viser ses partenaires. Une façon de faire la mise au point: si sous l'ère Mourinho, il devait sacrifier aux tâches défensives, relégué quasiment au poste d'arrière gauche, il est avant tout buteur. Il prend d'ailleurs seul la tête du classement des meilleurs réalisateurs de la phase de poules de la Ligue des champions cette saison avec 4 réalisations. Et ce triplé lui permet d'atteindre un total de 11 buts cette saison sous le maillot de l'Inter. Son partenaire Chivu avait poussé un petit coup de gueule cette saison sur le terrain se tournant vers le banc et menaçant de sortir si Eto'o continuait à aussi peu défendre face à la Roma. Mais le Camerounais a mis un terme au débat mercredi soir: avec son triplé, le Werder n'a plus existé, découragé. Et Eto'o est allé taper dans la main de Chivu en signe de paix. La prestation du «Roi Lion» va inévitablement relancer dans la presse italienne le débat sur son positionnement. Mercredi soir, en l'absence de Diego Milito, forfait sur blessure, Eto'o a retrouvé l'axe, en avant-centre. Evidemment, la presse italienne a lancé Benitez sur le sujet dès la fin du match avec cette question: «Quand Eto'o joue dans l'axe, il va plus à la «porte», non?». Ce a quoi, Benitez a répondu diplomatiquement: «Mais quand il joue à gauche, il va aussi à la +porte+, c'est une question d'attitude et de mentalité». Il est peu probable que «Rafa» chamboule tout. D'abord parce que Diego Milito est intouchable à l'Inter pour l'ensemble de son oeuvre. Et ensuite parce que Benitez a développé un jeu qui permet à Eto'o de se libérer des taches défensives qui lui incombaient l'an passé et lui permet de jouer plus offensif, même quand il évolue à gauche, avec Milito dans l'axe et Pandev à droite. Récemment, Eto'o avait confié dans L'Equipe Magazine: «C'est vrai que, lorsqu'il (Rafael Benitez) est arrivé, on s'est un peu accrochés. Je lui ai dit que j'avais besoin de marquer plus, de me rapprocher de la surface, de l'axe. Il m'a dit qu'il ferait tout en ce sens. Je joue toujours sur le côté, mais davantage libéré du travail défensif». Dont acte. Et le Camerounais savoure aujourd'hui le travail effectué avec l'ancien entraîneur de Liverpool: «L'année dernière, je jouais pratiquement défenseur avec Jose Mourinho, mais c'était pour le bien de l'équipe et nous avons tout gagné. Cette année, je joue plus comme un attaquant et on gagne aussi. L'Inter de Mourinho était bâti pour la contre-attaque. Avec Benitez, on se préoccupe plus de la possession de balle et on est plus tourné vers l'attaque. Pour nous, les attaquants, c'est mieux. On reçoit plus de ballons et on est plus près de la porte». Illustration mercredi soir contre le Werder: libéré des tâches défensives, Eto'o a fait parler sa pointe de vitesse, comme sur le premier but, où Mertesacker, défenseur central de Brême, semblait avoir des semelles de plomb à la poursuite d'Eto'o.