Transcription, enregistrement, formation, sont les quelques recommandations issues de ces journées. Les journées d'études organisées les 3 et 4 octobre à Alger par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) autour de l'ethnomusicologie se sont clôturées lundi soir par une série de recommandations. Ces recommandations portent sur la mise sur pied d'équipes pluridisciplinaires ayant pour mission la conception et la finalisation des outils de travail de terrain devant permettre aux enquêteurs-enregistreurs de fixer, par l'écriture et tous autres moyens d'enregistrement, la littérature orale, la musique, la chorégraphie, les savoir-faire locaux traditionnels. Les participants à ces journées recommandent aussi la formation d'un personnel qualifié pour engager et mener à terme «l'immense» tâche de collecte, d'enregistrement et d'inventaire du patrimoine culturel immatériel algérien. Cette formation, devant être assurée par le Cnrpah, portera sur un double volet devant permettre aux enquêteurs d'acquérir, tout à la fois, des connaissances notionnelles pertinentes et méthodologiques efficientes. Ils ont préconisé, par ailleurs, les échanges d'outils méthodologiques appropriés et de programmes de coopération entre le Cnrpah et les institutions de formation supérieure et de recherche, ainsi que la définition d'un échéancier technique et opérationnel offrant la «visibilité nécessaire» dans la réalisation des opérations de sauvetage du patrimoine culturel immatériel. La seconde journée consacrée à l'ethnomusicologie a été axée autour des thèmes «Techniques d'archivage en ethnomusicologie» et «Perspectives de la recherche en ethnomusicologie en Algérie».Dans son intervention, l'ethnomusicologue Mehenna Mahfoufi a défini les différentes catégories des musiques algériennes pouvant intéresser les études d'ethnomusicologie, à savoir les musiques villageoises et urbaines, les musiques propres à la pratique féminine, les musiques professionnelles et non professionnelles, les musiques religieuses et profanes, les musiques collectives familiales et les musiques collectives publiques. «Après l'enregistrement des musiques orales, on peut faire le choix de les écrire, c'est-à-dire en faire une représentation matérielle», a indiqué le chercheur relevant, cependant, que la notation musicale occidentale «n'est pas suffisante» pour la transcription de ces musiques. De son côté, la musicologue Maya Saïdani, a dressé un état des lieux, succinct de l'ethnomusicologie en Algérie, mettant en exergue l'importance de la numérisation qui constitue, a-t-elle dit «un portail ouvert sur la recherche». «Pour la recherche, la matière existe, il faut penser à mettre en place les outils académiques pour mener à bien cette recherche», a conclu Maya Saïdani. Nacer-Eddine Baghdadi, responsable des Archives de la Radio nationale, a, quant à lui, évoqué l'expérience de cette institution dans la gestion électronique des documents (GED). «Nous avons l'avantage d'avoir des musiques rares qui ne sont pas dans le commerce», a confié M.Baghdadi, ajoutant que la Radio nationale détient un patrimoine «inédit». Pour sa part, le chercheur tunisien, Mahmoud Guettat, a soulevé la problématique de l'enseignement des répertoires musicaux, expliquant que l'efficacité de cet enseignement «passe par le choix d'un système approprié et d'une méthode adéquate». «L'enseignement de ces répertoires doit être ancré dans les traditions locales pour que l'ouverture sur d'autres cultures se fasse convenablement», a-t-il estimé.