Effervescence générale dans cet établissement. Directeur et professeurs sont dans tous leurs états. Il y a de quoi, en effet, lorsqu'on constate que des questions sensibles tels l'inscription et le dispatching des élèves dans les établissements scolaires resurgissent à chaque rentrée. Il faut croire que quelque part, à quelque échelon que ce soit de l'Académie, l'on prenne un malin plaisir à se donner trop de temps avant de plancher sur un travail déjà planifié. Les résultats immanquablement sont là, criants et frisant la débandade, comme l'explique ce professeur au bord de la crise de nerfs . Le fait est que le directeur du CEM qui, jusqu'ici, arrivait à caser 30 à 35 élèves par classe, ce qui est déjà énorme en soi, doit désormais en recevoir plus. En effet, avec l'arrivée de nouveaux habitants à la Nouvelle-Ville, c'est tout naturellement dans le CEM le plus proche que les habitants veulent inscrire leurs enfants. C'est alors, la ruée. L'académie, aculée, intime ordre sur ordre au directeur du CEM d'accepter un énorme supplément. Plus qu'il ne peut contenir. «Débrouillez-vous, lui dit-on, on ne peut embaucher d'autres professeurs.» En d'autres termes, il n'y aura pas de postes budgétaires cette année encore. Alors même qu'il était aisément prévisible qu'il y aurait de nouveaux venus à l'école. Dans ces conditions, on peut facilement imaginer le désarroi du directeur et des professeurs du CEM, forcés de se plier en quatre pour pouvoir affronter l'année scolaire qui vient à peine de débuter mais dont on peut en cerner les contours. Au directeur donc de s'escrimer. Il lui faudra d'abord beaucoup d'imagination et d'acrobaties pour réorganiser le temps des cours impartis à chacun des professeurs dont il faudra soustraire ceux qui seront appelés à renforcer le potentiel pédagogique de l'autre nouveau CEM mitoyen au premier en place et ouvert cette année dans la hâte, toujours dans la hâte, sans même avoir créé des postes budgétaires. Ce qui aurait eu pour conséquence de soulager énormément le premier en date des CEM qui s'apprête donc à recevoir, presque dans l'anarchie, un surplus non souhaité qui viendrait grossir l'effectif en place. Propos désabusé d'un professeur: «Les classes vont craquer et les labos voler en éclats». En effet, avec ce supplément d'élèves qui va bousculer les horaires difficilement établis par le directeur, une contrainte de plus est imposée aux professeurs lesquels, c'est sûr, vont stresser. Dans cette cacophonie où directeur, professeurs, académie se tirent dans les pattes étalant chacun sa raison, va surgir celle de l'association des parents d'élèves, qui sera gagnant. Assurément personne. Sauf peut-être les cliniques psychiatriques.