Caractérisée par un dysfonctionnement des relations entre les différents acteurs la composant, la filière lait défraie ces jours-ci, la chronique. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a instruit les laiteries publiques de «produire au moins 50% de lait pasteurisé conditionné (LPC) mis sur le marché national». Cette mise en garde intervient après la pénurie de lait en sachet observée notamment dans certaines communes de la wilaya d'Alger. Ces derniers jours, une usine de transformation de lait a fermé ses portes pendant trois jours. Les citoyens sont irrités, par ailleurs, par la piètre qualité du lait commercialisé. Dans la note émanant du département de Rachid Benaissa, il est précisé que ces transformateurs «bénéficieront de poudre de lait à prix subventionnés». Cette mesure s'inscrit, précisons-le, dans l'objectif de sécurisation de la disponibilité sur le marché de LPC à un prix administré de 25 DA, et dont la demande annuelle s'élève à 1,2 milliard de litres. Les laiteries privées, quant à elles, «seront sollicitées par voie de réponse à la manifestation d'intérêt annuel, à participer à couvrir les autres 50%, sous réserve de répondre aux conditions édictées dans un cahier des charges joint à l'appel à manifestation sus-cité». Cependant, précise la même source, l'adhésion des laiteries privées à ce dispositif «reste volontaire et individuel». Pas de forcing à ce sujet. Mais chaque laiterie est appelée à produire des quantités considérables pour subvenir aux besoins des consommateurs. Dans cette optique, le ministère de l'Agriculture souligne que «la priorité sera accordée aux laiteries qui participent au développement de la production nationale et à l'effort d'intégration». Ainsi, la concurrence sera rude et les usins défaillantes risquent de mettre la clé sous le paillasson. L'augmentation de la production nationale est imminente. «Il s'agira de porter la couverture des besoins par la production nationale à au moins 75% au lieu de 50% actuellement». Cet objectif, ajoute le ministère, «justifie les efforts que l'Etat aura à consentir en faveur des éleveurs». L'intervention de l'Etat dans ce domaine se traduit en primes à la production et en différents soutiens. Cet appui concerne la mise en place des laiteries, de centres de collecte et l'octroi de primes à la collecte et l'intégration industrielle. «Toute laiterie qui intègre du lait cru, à raison de plus de 50% de ses capacités de production verra sa prime d'intégration passer à 5 DA/litre intégré dans tout type de lait de consommation», fait savoir le ministère. En outre, les laiteries qui utilisent totalement leurs capacités pour la production de LPC avec du lait cru, verra sa prime d'intégration passer de 5 à 7.5 DA/litre. S'agissant des laiteries situées dans les zones steppiques et sahariennes et intéressées par la fabrication du LPC, la source précise qu'elles seront liées par des conditions spécifiques avec l'Office national interprofessionnel du lait (Onil). Aucun autre détail n'est donné par le ministère. Par ailleurs, il convient de rappeler qu'en 2009, près de 5 milliards de litres de lait ont été mis sur le marché national. La moitié provenait de lait cru. Les autres 2,5 milliards de litres de lait sont importés. Dans cette note chiffrée, il est également question du prix de cession au détail de cette quantité. Le ministère précise que 3,5 milliards de litres sont mis sur le marché à prix libres, alors que 1,5 milliard de litres sera mis sur le marché à un prix soutenu par l'Etat, soit 30% du total consommé.