1100 milliards de dinars. Tel est le montant des liquidités en excès, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie. Le financement de l'investissement est le nouveau credo de la Banque d'Algérie. Lors de sa rencontre, hier, avec les responsables des banques publiques, le gouverneur, Mohamed Laksaci, a expliqué qu'étant donné qu'il y a de l'épargne, rien ne s'oppose à ce que les entreprises en profitent. Dans sa présentation de la situation financière du pays lors du premier semestre de cette année, le gouverneur n'a fait aucune distinction entre le secteur privé et public. Il a expliqué, lors de la rencontre qui a eu lieu au siège de la Banque d'Algérie, dans la capitale, que cette démarche est censée conduire à la diversification de l'économie nationale et réduire ainsi sa dépendance vis-à-vis des recettes des hydrocarbures. Selon le gouverneur, cet effort de diversification a déjà commencé en 2001 avec le Programme de relance économique. Laksaci précise, tout de même, que l'épargne des ménages est tirée par la dépense publique. Est-ce que l'argent des banques publiques dort pour autant dans les coffres-forts? La réponse du gouverneur fait état de 800 milliards de dinars placés en dépôts rémunérés alors que d'autres montants servent de fonds de réserve. Cette instruction de Laksaci aux banques publiques, de se tourner vers le financement de l'investissement trouve sa genèse dans le fait que les recettes tirées des hydrocarbures ne pourraient pas supporter pour longtemps tout l'effort de soutien à la croissance, seul garant de la création de l'emploi et de la lutte contre le chômage. Mais financer les entreprises n'est pas sans risque. 10,3% est le taux des dettes non performantes enregistré par les banques. Face à une perspective de politique offensive vis-à-vis des entreprises, Laksaci oppose la prudence lorsqu'il s'agit des échanges extérieurs. Laksaci s'est réjoui de la baisse des importations grâce aux mesures de prudence prises en 2009. Cette action du gouverneur intervient 10 jours après celle présentée devant les députés. Il avait souligné que les réserves de change de l'Algérie ont atteint 147,2 milliards de dollars à fin décembre 2009. Ces réserves ne servent pas à financer les entreprises. Elles permettent, selon le gouverneur, de renforcer la confiance en la capacité du pays à honorer ses engagements financiers en devises étrangères. Le gouverneur s'est aussi félicité du fait qu'en dépit de la récession dans le secteur des hydrocarbures pour la quatrième année consécutive, l'économie nationale est restée stable durant l'année 2009 grâce notamment à la vitalité d'autres secteurs comme l'agriculture, les services, le bâtiment et les travaux publics. Ce n'est pas pour autant que Laksaci perd de vue le fait que ces performances hors hydrocarbures restent tributaires des programmes d'investissement publics alors que l'économie nationale demeure dépendante des ressources en hydrocarbures et des importations. Hier, le gouverneur a aussi abordé la question de l'inflation. En 2009, elle enregistre son plus haut niveau depuis dix ans (5,7%). Il précise que ces chiffres proviennent du Cnes. L'inflation est tirée par la hausse des prix des produits alimentaires, notamment les produits agricoles frais. Laksaci estime aussi que les dispositifs de la loi de finances complémentaire de 2010 permettent un contrôle plus accru des banques. Déjà en 2009, l'activité de contrôle s'est soldée par le dépôt de plaintes auprès des tribunaux contre 10 banques.