Toute éventuelle augmentation est subordonnée à la hausse des coûts de l'énergie et des intrants, a souligné le ministre. Buvez, consommez, déversez, à votre guise, le prix de l'eau n'augmentera pas pour le moment. Le ministre des Ressources en eau est formel. Intervenant hier sur les ondes de la Radio nationale, Abdelmalek Sellal a été catégorique: «Tant qu'on n'a pas amélioré correctement le service de distribution de l'eau, il est hors de question de demander une augmentation des prix de consommation d'eau», a-t-il affirmé. Pour le ministre, la priorité est à l'amélioration du service mais aussi au recouvrement des créances de la Seaal. «Nous insistons sur le fait que tout le monde doit payer l'eau. Si on arrive à faire payer tous les clients de l'Algérienne des eaux et les services concernés, nous pourrons équilibrer les dépenses. Pour le moment, et c'est ce que j'avais dit aux députés, l'augmentation des prix de l'eau n'est pas à l'ordre du jour», a insisté le ministre dans son intervention même si «certains pensent que la hausse des tarifs règle le problème de l'économie de l'eau». Mais «on n'en est pas là», a-t-il appuyé. Cependant, le ministre a laissé entendre qu'une éventuelle augmentation n'est pas à écarter, à l'avenir, en cas de hausse des coûts de l'énergie et des intrants. «On ne peut pas faire autrement. Mais cette augmentation ne sera pas importante», a-t-il précisé. Sur un autre registre, le ministre a indiqué que l'ADE récupère actuellement des services d'eau dans les communes. «Elle a récupéré ceux de 800 communes sur les 1541 que compte le pays», a-t-il indiqué. «Dans beaucoup de communes, les gens n'étaient pas habitués à payer l'eau. Il y a encore des difficultés à recouvrer les créances, mais c'est un travail qui se fait. Le montant des créances s'élève à 85 milliards», a-t-il noté et de regretter que «beaucoup de réseaux ont vieilli, il faut les réparer et ça demande beaucoup d'argent. A Alger, le réseau perdait au minimum 35% de sa capacité», a-t-il souligné. Sur sa lancée, le ministre admettra qu'à Alger «l'entreprise Suez a fait un travail correct jusqu'à maintenant, particulièrement en termes de réhabilitation de la distribution de l'eau. Avec Agbar Aqua de Barcelone, qui gère les eaux d'Oran, la tendance est également correcte». Néanmoins, le premier responsable du secteur a reconnu que des défaillances sont encore enregistrées à l'est du pays. «C'est moins correct pour la Marseillaise des eaux à Constantine et nettement moins pour Gelsenwasser à Annaba. C'est la raison pour laquelle nous suivons de près ces deux wilayas», a-t-il admis. D'ailleurs, il a révélé que l'ADE vient de lancer un appel d'offres pour recruter un auditeur. «La décision finale dépendra de l'évaluation de la gestion des eaux à Annaba. Si c'est bon, on continue. Dans le cas contraire, chacun prendra sa route.» Par ailleurs, M.Sellal a rappelé que l'eau destinée à l'agriculture est largement subventionnée. A ce sujet, le ministre annoncera que «nous avons lancé une étude pour réaliser un transfert d'eau à partir de Oued Mehiguen, au nord d'El Goléa vers Djelfa, le sud de M'sila et le sud de Tiaret pour permettre le développement de l'agriculture et de l'élevage dans ces régions des Hauts-Plateaux». Tandis qu'un important transfert d'eau à partir de barrages situés dans les wilaya de Sétif et de Jijel est en cours de réalisation pour irriguer un minimum de 30.000 hectares situés entre El Eulma et Sétif. S'agissant de la réalisation en cours du transfert d'eau de In Salah vers Tamanrasset, M.Sellal a indiqué que les travaux avancent très bien et que le projet «sera certainement livré au début du mois de mars prochain». Interpellé sur l'utilité de réaliser des stations de dessalement, le ministre a affirmé que cette activité «est fondamentale pour consolider l'AEP, notamment dans les grandes villes», ajoutant, qu' «il ne faut pas oublier l'époque où l'Algérie avait pensé à importer de l'eau par bateaux». «Il suffit qu'il y ait une faible pluviométrie pendant deux années et c'est la catastrophe», a-t-il mis en garde. Selon le ministre, 13 nouvelles grandes unités d'une capacité de 100.000 et 500.000 m3/jour sont programmées pour les court et moyen terme.