Ancien officier de l'Armée de libération nationale durant la guerre de Libération, le moudjahid Hassani, dit Si El Ghaouti, est décédé à l'âge de 79 ans. L'ancien compagnon d'armes de Larbi Ben M'hidi et époux de Drifa, soeur de Larbi, est décédé, dans la nuit de vendredi à samedi, à hôpital de Aïn Naâdja à l'âge de 79 ans, à la suite d'un accident cérébral. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Daho Ould Kablia, président également de l'Association du Malg, a adressé ses condoléances à la famille du défunt moudjahid. Son enterrement au eu lieu hier au cimetière d'El Alia (Alger). Le quotidien L'Expression aura été le dernier journal dans lequel le moudjahid Abdelkrim Hassani, s'est exprimé, dans son édition du 17 octobre dernier. Il abordait avec nous le sujet de la falsification de l'histoire quant à l'affaire de ce scénariste jordanien qui projetait de réaliser un film sur le héros national Ben M'hidi et auquel la famille s'est opposée fermement car non conforme aux faits historiques. Altier du haut de ses 79 ans, Abdelkrim Hassani, qui nous a ouvert avec hospitalité les portes de sa maison, sur les hauteurs de Bouzaréah, avait exprimé son souci de bien dicter l'Histoire et l'écrire pour la nouvelle génération afin que nul n'oublie que «la révolution est au bout des efforts et des sacrifices. C'est grâce à cela que nous avons eu notre indépendance. On ne peut occulter cette vérité», avait-il souligné, en reprenant cette citation de Larbi Ben M'hidi. Le moudjahid Hassani, dit Si El-Ghaouti, était officier de l'Armée de libération nationale (ALN) durant la guerre de Libération. Il a appartenu au ministère de l'Armement et des Liaisons générales (Malg) et s'occupa de la formation des opérateurs radio. En 1976, il fut nommé directeur général de la Fonction publique succédant ainsi à Abderrahmane Kiouane, avant de devenir dans les années 1990 président de la Confédération des industriels et des producteurs algériens. Le défunt moudjahid, beau-frère de Larbi Ben M'hidi, n'a pas cessé, ces dernières années, d'apporter ses témoignages sur la guerre de Libération nationale en prenant part à tous les débats et tables rondes sur l'Histoire de la Révolution algérienne. Fervent défenseur de la vérité, Abdelkrim Hassani n'hésitait pas en effet, dans n'importe quel entretien qu'il accordait à la presse, à rectifier celle-ci afin de réhabiliter l'image de nos héros et de notre pays, telle qu'elle a été et telle qu'il l'a vue et ressentie. Il était un véritable témoin des soubresauts de la guerre d'Algérie sous le commandement de Larbi Ben M'hidi. «Je l'ai connu depuis l'âge de 18 ans. Il était notre chef scout, chef du PPA. Je suis officier de l'ALN. Je l'ai connu parfaitement bien...», nous avait-il confié. Ainsi, ce témoin du passé s'en va, emportant avec lui des pans de notre histoire au moment où le héros Larbi Ben M'hidi fait l'objet de plusieurs projets cinématographiques et que des spécialistes et documentaristes s'intéressent à sa figure emblématique. C'est donc naturellement qu'Abdelkrim Hassani rectifia par exemple la version de Yacef Saâdi à propos de la mort de Larbi Ben M'hidi. Il soutiendra que le chahid a été pendu et non pas fusillé. Ancien responsable des documents secrets de la Révolution et des transmissions à Didouche-Mourad, Abdelkrim Hassani était aussi un proche ami de Boussouf et avait encore beaucoup de choses à donner et transmettre sur notre passé non encore complètement élucidé. Aujourd'hui encore, il reste beaucoup de zones d'ombre à éclairer et les témoignages se font de plus en plus rares. Il est plus qu'urgent de transcrire les propos de nos moudjahidine qui ont beaucoup de choses à dire pour l'enrichissement de notre mémoire et de notre Histoire et cela, avant qu'il ne soit trop tard.