«La position d'une région ne pourra en aucun cas être interprétée en dehors de cette zone.» Lors de son discours prononcé, hier, à l'occasion de l'ouverture de la saison universitaire à Biskra, le Président de la République a déclaré: «Certaines institutions et des groupes ont été contre l'organisation des élections communales et législatives.» «Nous avons imposé les échéances électorales, pour répondre à la volonté du peuple», ajoute-t-il. Le Président n'en dira pas davantage sur les raisons ou les protagonistes «de ce refus», néanmoins, il a mis en exergue le fait que «les institutions élues ont permis au pays de sortir de la période de transition qui a trop duré». Les institutions auxquelles faisait référence le Président travaillent-elles à contre-courant de ce «choix» et pour quel intérêt? Ces questions ne manqueront pas d'alimenter dans un futur proche les analyses de la scène politico-médiatique en Algérie. Toujours dans ce chapitre, Bouteflika a tenu à saluer «la transparence des élections communales organisées le 10 octobre». C'est une étape extrêmement importante dans «le processus de la démocratie en Algérie» en dépit «des dépassements enregistrés dans quelques centres de vote». Un «appui» qui sonne comme une réponse au parti et à la presse, ayant crié à la fraude au lendemain des élections. Et M.Bouteflika de s'interroger sur «l'intérêt qu'on pourrait tirer d'un siège usurpé», en tentant de rassurer «qu'(il) n'était pas en train de désigner une partie précise». Dans son discours, le Président s'est longuement attardé sur la concorde civile et la réconciliation nationale qui sont «le choix du peuple et de toutes les institutions de l'Etat». Le premier message à retenir c'est que la campagne médiatico-politique contre la concorde n'a pas lieu d'être dans la mesure où le projet bénéficie de la bénédiction de toutes les parties concernées, y compris l'armée nationale, démentant ainsi la déclaration de la fameuse source autorisée mais aussi toutes les sources qui stigmatisent ce processus, concernant les terroristes qui sont toujours au maquis, il déclare: «Ils auront à choisir entre la paix ou la guerre.» Par ailleurs, il a reproché le mutisme coupable de certains oulémas durant la dernière décennie. Dans un autre chapitre, M.Bouteflika n'y est pas allé par quatre chemins pour tirer à boulets rouges sur le travail de certains titres de la presse privée. «La liberté d'expression ne donne à personne le droit de s'attaquer aux valeurs constantes nationales.» En des termes virulents, il a souligné qu'«il est extrêmement navrant de constater l'existence, au sein même du peuple, de personnes qui travaillent contre l'intérêt national». Sur le plan économique, il a tenu à rassurer le peuple que «l'Etat ne compte pas brader son patrimoine national». «Nous cherchons seulement des partenaires pour nous aider à gérer, puisque nous ne savons pas le faire.» Allusion au dossier épineux ayant trait à l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Il est clair, à en croire le Président, que la privatisation de Sonatrach n'est pas à l'ordre du jour, battant en brèche ainsi les hypothèses avancées par le très puissant syndicat des pétroliers de l'Ugta et certains partis politiques comme le PT de Louisa Hanoune. «Nous n'avons aucun problème, tout le monde sera le bienvenu pour peu qu'il soit bénéfique à l'économie du pays.» Là aussi, cette «mise au point» semble venir en réponse à la campagne menée par certains titres de presse contre la personne du Président «auquel on reproche d'avantager ses amis du Golfe», notamment dans le marché de la téléphonie mobile accordé à Orascom. Par ailleurs, il a tenu à stigmatiser l'extrémisme quelles que soient ses formes. «La position d'une région ne pourra en aucun cas être interprétée en dehors de cette zone», allusion faite à la contestation en Kabylie. L'on note que le Président a longuement insisté sur l'opportunité des réformes du secteur de l'éducation nationale, réaffirmant ainsi la détermination de l'Etat à les appliquer «progressivement», en dépit de la campagne menée tambour battant par les partis islamistes afin de freiner leur mise en oeuvre. Enfin, le Président a tenu à expliquer aux Biskris qu'il «(lui) fallait s'éloigner d'Alger pour ouvrir son coeur».