Il est encore trop tôt pour parler de bilan après le lancement, le 2 novembre dernier, de la souscription des actions d'Alliance Assurance, mais son président-directeur général, Hassan Khelifati, en tire déjà une satisfaction visible. Particuliers et institutions ont favorablement accueilli la nouvelle de la diffusion des actions de l'entreprise, preuve qu'ils entrevoient son avenir, et celui de ses affaires, sous de meilleurs auspices. L'Expression: Vous avez visité de nombreuses villes pour communiquer sur la souscription d'actions de la compagnie en Bourse, comment évaluez-vous cette tournée? Hassan Khelifati: Effecti-vement, dans le cadre de notre démarche de proximité, nous avons essayé de toucher de nombreuses villes. Nous avions visité 14 d'entre elles. Biskra, El Oued et Ghardaïa, donc trois au Sud, puis Tlemcen, Oran et Sidi Bel Abbès, à l'Ouest ainsi que Annaba, Constantine et Sétif à l'Est et enfin, au Centre, Béjaïa, Alger, Tizi Ouzou, Blida et Chlef. Nous avons rencontré des chefs d'entreprise et des banquiers qui ont mobilisé la communauté des affaires et nous avons toujours fait salle comble. Nous avons expliqué notre projet et nos perspectives ainsi que les motifs de cette opération. Il y a eu des débats et beaucoup d'encouragements pour continuer sur cette voie. Les banquiers nous ont assuré de leur engagement pour la réussite de cette opération. Les chefs d'entreprise nous ont encouragé à continuer notre démarche. Il y avait aussi un aspect pédagogique de la tournée... Nous avons fait oeuvre de pédagogie pour démystifier une introduction en Bourse. Des groupes régionaux ont exprimé leur volonté de jeter un nouveau regard sur ce mécanisme de la Bourse. Ils ont pu s'apercevoir que c'est un outil moderne de financement de l'entreprise et de sortie de l'endettement bancaire classique. C'est un outil qui renforce les fonds propres et qui permet l'expansion du groupe. Nous avons pu combattre la peur de perte de contrôle sur un groupe familial. Nous avons eu beaucoup d'assurance pour la souscription de nos actions. Nous nous attendons à ce que beaucoup de groupes souscrivent dans les jours à venir si ce n'est pas déjà fait. Globalement, la tournée a été très positive. Comment se déroule le suivi de la souscription? Le mécanisme qui a été institué par l'ensemble des parties est un comité de suivi installé au niveau de la Bourse d'Alger. Il regroupe la compagnie, les intermédiaires en opérations de Bourse, les banques, la Commission de surveillance des opérations de Bourse, Algérie Clearing et la Bourse. Les résultats de ce comité devraient tomber chaque jeudi. Mais on a commencé la souscription mardi et les premiers résultats seront disponibles ce jeudi. Lors des trois premiers jours de la souscription, il y a eu des informations selon lesquelles les résultats de cette opération historique sont extraordinaires. Pour trois banques seulement, nous sommes déjà à 180.000 actions souscrites, soit 10% de l'offre globale. Nous sommes donc confiants pour la suite. Et nous pouvons même clôturer l'opération avant son terme. D'habitude, dans ce genre d'opérations, c'est à partir de la deuxième semaine que la cadence s'accélère. Vous parliez des vertus pédagogiques de l'opération, qu'en est-il de l'impératif de transparence des comptes des entreprises? Ce souci de transparence est pris en compte depuis la création de la compagnie. Nous publions nos comptes et nous avons un mode de gouvernance moderne, nous avons adhéré volontairement au code de bonne gouvernance avant de penser à l'introduction en Bourse. Cette transparence nous a aidé à franchir les étapes très rigoureuses de l'obtention du visa pour l'accès à la Bourse. Nous avons franchi l'étape de l'audit externe afin de déterminer la sincérité des comptes et la valeur de l'action. Comment avez-vous répondu à la question sur la perte de contrôle? On a mis 30% de notre capital en Bourse et 70% restent entre les mains des actionnaires historiques. Ce n'est pas en ces termes que nous voyons le contrôle mais au niveau du management. Les nouveaux actionnaires seront associés à la gestion à travers des représentants et au conseil d'administration. Nous comptons instaurer un conseil de surveillance et un comité d'audit. Tous ces outils permettent de continuer à créer de la valeur et à la partager. Si on prend les exemples des familles Agnelli en Italie et Bettancourt en France, pour les groupes Fiat et L'Oréal, on s'aperçoit qu'elles ne détiennent pas la majorité des actions mais que la Bourse leur permet de fructifier leurs affaires. Est-ce que votre partenariat avec le fonds d'investissement européen Amundi est lié à l'introduction en Bourse? Il vient en renforcement de cette introduction en Bourse. Il va ramener une expertise dans le management et dans la gestion du projet de la société de capital investissement et dans la gestion des ressources humaines et de la formation. C'est aussi rassurant pour les actionnaires. Comment avez-vous pu gérer votre plan de communication? Nous avons touché tous les médias, télévision, radio, journaux, Sms et e-mailing. Et nous avons dédié un site Internet à l'opération. L'opération dépasse le contexte d'Alliance car nous participons à la création de ce nouveau marché financier. A quelle réaction vous attendez-vous de la part du patronat? Je m'attends au moins à ce qu'il se détermine sur cette opération. Lorsque vous évoquez l'encouragement du marché, est-ce que vous prévoyez de nouvelles mesures du gouvernement? Il y a déjà une exonération de la plus-value et des dividendes pendant cinq ans par le biais de la loi de finances 2009. Il y a d'autres réformes prévues pour permettre à d'autres entreprises d'accéder à la Bourse mais dont j'ignore le contenu. La capitalisation boursière au Maroc et en Tunisie participe à hauteur de 20% dans la constitution du produit intérieur brut contre 0,1% en Algérie.