Le JEM, le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, et les forces pro-gouvernementales ont croisé le fer à plusieurs reprises ces cinq derniers jours, après des mois d'accalmie. Les combats ont repris avec force au Darfour, dans l'ouest du Soudan, l'armée et la rébellion jouant chacune leur va-tout d'ici le référendum d'indépendance du Sud-Soudan qui pourrait redessiner la carte du pays et changer le rapport de force des belligérants. Le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, et les forces pro-gouvernementales ont croisé le fer à plusieurs reprises ces cinq derniers jours, après des mois d'accalmie. Le JEM a attaqué un convoi de près d'une centaine de camions escorté par la police soudanaise au Darfour-Sud. Les affrontements ont fait au moins 37 morts au sein des forces soudanaises et peut-être une soixantaine au sein de la rébellion, selon des responsables de l'ONU. L'armée et le JEM se sont aussi affrontés au Kordofan-Nord, un Etat situé entre le Darfour et Khartoum, et au Darfour-Nord. «L'armée a tenté (samedi) de prendre le contrôle de points d'eau entre Umm Barru et Kornoi (au Darfour-Nord), il y a eu un combat, nous les avons défaits. Il y a eu des morts des deux côtés, et nous avons fait 20 prisonniers de guerre», a dit un haut responsable militaire de la rébellion. L'armée a quant à elle affirmé dans un communiqué avoir «détruit» les forces du JEM à Furawiya, un fief de la rébellion situé dans les régions désertiques du Darfour-Nord. L'armée avait déjà bombardé et revendiqué le contrôle début octobre de l'est du Jebel Marra, volcan éteint situé au sein d'une vallée verdoyante au coeur du Darfour semi-désertique, également fief de l'autre grand mouvement rebelle, l'Armée de libération du Soudan d'Abdelwahid Nour (SLA). «La reprise des affrontements a un impact négatif sur notre travail», a déclaré Ibrahim Gambari, le chef de la mission ONU-Union africaine au Darfour après une rencontre dimanche avec la patronne des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos. «Les mouvements (armés) qui n'ont pas rejoint le processus politique devraient le faire, je parle ici du JEM et d'Abdelwahid. Il n'y a pas de solution militaire possible à ce conflit», a-t-il ajouté. Le Darfour compte huit des 40 millions d'habitants du Soudan, et s'étend sur environ 500.000 des 2,5 millions de km2 du plus vaste pays d'Afrique, soit l'équivalent de 20% de la population et du territoire. Mais ce ratio pourrait augmenter si le Sud-Soudan fait sécession. Le Darfour représenterait alors près de 30% du Nord et deviendrait la seule région dotée de mouvements armés menaçant le pouvoir central, d'où la tentation des autorités de mettre fin au problème du Darfour d'ici la sécession probable du Sud-Soudan. «L'armée soudanaise ne veut pas avoir à lutter sur deux fronts à la fois (au Sud et au Darfour), c'est pourquoi elle souhaite affaiblir tout de suite la rébellion du Darfour avant la tenue du référendum du Sud-Soudan», résume un observateur de la politique soudanaise, sous le couvert de l'anonymat. Le conseiller présidentiel Ghazi Salaheddine pousse pour une solution politique à la crise au Darfour. Khartoum finalise ainsi un accord de paix cadre qui pourra être signé par les mouvements rebelles le souhaitant. Pour l'heure, seul le troisième groupe rebelle, le Mouvement pour la libération et la justice (LJM), est disposé à le signer. «Nous ne voulons pas qu'un processus de paix en fasse dérailler un autre, soit que le CPA (accord de paix Nord-Sud qui prévoit le référendum de janvier) fasse dérailler le Darfour, et le Darfour le CPA», a récemment dit M.Salaheddine. Cette nouvelle vague de violences survient alors que le JEM affirme avoir recruté des hommes au sein des milices arabes, jadis affiliées au gouvernement dans le conflit, aujourd'hui en butte contre le pouvoir et minées par des conflits internes également meurtriers.